Il y aura beaucoup moins de pétrole dans l’offre de l’Opep+ en novembre. Réunis hier à Vienne, l’Organisation des pays exportateurs (Opep) et ses partenaires ont décidé de réduire de 2 millions de barils par jour leur production.

Par Feriel Nourine
Certes, une forte réduction était attendue pour cette 33e réunion ministérielle de l’alliance, qui s’est tenue en présentiel, une première depuis la propagation de la Covid-19, en mars 2020. Mais les restrictions n’étaient pas attendues avec une telle ampleur qui dépasse toutes les prévisions.
C’est donc une grande frappe que vient d’effectuer l’Opep+, prenant de vitesse même les sources qui tablaient sur une grosse réduction estimée à entre 5 00 000 barils par jour et 1,2 mbj.
De quoi sonner l’alerte au sein des pays consommateurs qui se réjouissaient, ces dernières semaines, du fort recul des prix du pétrole et de l’impact de cette évolution au niveau des stations de carburant, entre autres.
Ayant totalement raté sa mission diplomatique en direction des ténors de l’Opep, dont l’Arabie Saoudite, le président américain Joe Biden n’a pas tardé à réagir à la décision de l’Opep+. Il s’est dit «déçu de la décision à courte vue» du cartel de pays producteurs et exportateurs d’or noir.
«Au moment où il est d’une importance cruciale de maintenir l’offre mondiale d’énergie, cette décision pénalise en premier lieu les pays à revenus faibles et moyens», a assuré l’exécutif américain.
Pour tenter de parer à une potentielle hausse des cours, les États-Unis vont «mettre sur le marché le mois prochain dix millions de barils pris sur les réserves stratégiques de pétrole, poursuivant les prélèvements historiques décidés en mars», a fait savoir la Maison-Blanche.
L’exécutif américain avait décidé d’injecter un million de barils sur le marché chaque jour pendant six mois, puisant pour cela dans ces réserves d’or noir, désormais au plus bas depuis juillet 1984. Ce programme est censé s’achever fin octobre.
Voyant le danger de la baisse des cours s’amplifier et menacer l’équilibre du marché, l’Opep+ avait d’abord décidé de réduire considérablement le supplément qu’elle injecte à sa production, se contenant de 100 000 bpj pour septembre contre 648 000 bpj pour juillet et août.
Mais face à un recul des prix qui persistait encore, les 23 pays de l’alliance ont carrément décidé de geler leur programme d’augmentation progressif de la production. Ils ont ainsi opéré des restrictions de 100 000 mbj pour octobre, dont l’impact attendu ne s’est pas manifesté au niveau des séances d’échange où la tendance baissière a continué à prévaloir, faisant perdre aux deux références de brut près de 30% par rapport aux pics qu’ils avaient atteints en mars dernier.
Du coup, c’est la méthode des fortes coupes qui entre en jeu pour le mois de novembre, et la décision prise hier dans la capitale autrichienne devrait servir à relancer les prix et à les faire sortir du marasme dans lequel ils ont été poussés par une conjoncture économique mondiale évoluant au rythme stressant de la récession.
Avec moins de 2 mbj, le marché sera assurément plus en équilibre avec une demande mondiale qui recule, et évitera l’excès dangereux pour son équilibre. C’est ce qui s’est d’ailleurs passé depuis le début de la semaine, avec des annonces de fortes réductions par l’Opep+ qui ont boosté le baril de brut à travers des gains considérables réalisés sur une série ininterrompue de séances. La hausse se poursuivait, hier, avec un baril de Brent de la mer du Nord qui s’affichait à 93,46 dollars vers 18h, gagnant encore 1,5%, alors qu’il y a quelques jours, la même référence de brut était descendue jusqu’en dessous des 85 dollars. De son côté, l’américain WTI glanait 1,64% pour se rapprocher des 88 dollars (87,94).
Une tendance haussière qui devrait se poursuivre, et confirmer, une nouvelle fois, la force de l’Opep+ dans la régulation du marché pétrolier. n