La mobilisation populaire ne affaiblit pas contrairement aux prévisions des uns et des autres ayant compté sur la mise en place de l’arsenal d’organisation de la période de transition comme facteur d’apaisement. Ni l’installation de
M. Bensalah au poste de chef de l’Etat par intérim, ni son annonce d’une élection présidentielle prévue pour le 4 juillet prochain n’ont pu affaiblir une mobilisation populaire toujours intacte depuis bientôt deux mois. Même la tentation répressive visible dans certaines manifestations avec le recours aux canons à eau n’a pas eu son effet dissuasif sur les manifestants.
Conséquence d’une telle évolution : les facteurs de solution à la crise politique aiguë que vit le pays ne semblent pas être réunis. Et à mesure que les semaines passent, l’on se rend compte que l’équation se complique davantage. Le rejet essuyé hier par l’agenda du pouvoir politique de la part d’une population qui ne veut pas d’une période de transition dirigée par des figures du régime contesté en est la parfaite illustration.
A l’évidence, l’installation de M. Bensalah au poste de chef de l’Etat par intérim est loin de calmer et de rassurer des millions d’Algériens qui, pour la circonstance, ont tenu leur référendum populaire contre le plan de sortie de crise émanant du pouvoir.
L’option prend manifestement un sacré coup et le chef de l’Etat se retrouve plus que jamais sur une corde raide. A cause de son impopularité une nouvelle fois vérifiée au vu des clameurs de manifestants et des slogans brandis. Visiblement, l’opinion nationale a largement dépassé l’ère Bouteflika et ce à quoi elle peut renvoyer bien que les personnalités apparentées à cette époque soient copieusement décriées.
Cette opinion est bel et bien dans l’après, d’où son refus de tout agenda électoral qui s’appuierait sur des éléments et autres institutions renvoyant à cette ère. Autrement dit, l’opinion nationale est plus que jamais dans le dépassement de l’ère Bouteflika et les facteurs de blocage qu’elle propose comme héritage, à l’image de la Constitution à laquelle personne ne semble s’accrocher à l’exception des partisans de la feuille de route officielle. Cette opinion nationale semble manifestement préférer la voie de la constituante après la création de structures de transition. Sauf que le pouvoir politique ne veut pas entendre de cette option. Ce qui augure d’une impasse porteuse de dépassements de laquelle il sera difficile de sortir indemne.