Le verdict du procès en appel jugé depuis le 14 février dernier est tombé hier. La Cour d’Alger a en effet confirmé hier les peines prononcées en première instance par le Tribunal de Sidi M’hamed. Les deux principaux accusés, les anciens Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, restent ainsi condamnés à 5 ans de prison ferme dans ce dossier lié aux liens d’intérêts entre pouvoirs politiques et investisseurs du secteur du médicament. Abdelghani Zaalane, ancien ministre des Transports et des Travaux publics, mais aussi directeur de campagne de l’ex-Président, est quant à lui acquitté. Le dossier «GB pharma», qui retient les charges «d’octroi d’avantages injustifiés» et de «de mauvaise gestion», avait également évoqué le financement occulte et le soutien des frères Benhamadi à la campagne électorale d’Abdelaziz Bouteflika.
Verdict reste relativement clément par rapport aux demandes du Procureur de la République. Le réquisitoire prononcé dès la première journée d’audience du procès en appel avait réclamé des peines de 10 ans fermes contre les ex-Premiers ministres, et 3 ans contre Abdelghani Zaalane. Le cœur du dossier évoque, pour rappel, l’existence de conflits d’intérêt entre le pouvoir politique et les porteurs des projets de la société de fabrication et d’importation de médicaments «GB Pharma» implanté au niveau de la ville de Sidi Abdallah, mais aussi du centre pour brûlés Travocovia de Skikda. Deux projets, filiales du groupe Condor, lui-même propriété de la famille Benhamadi.
En effet, la justice a reproché aux ex-Premiers ministres d’avoir illégalement facilité ces projets au travers d’aides injustifiées dont l’exonération de TVA et de droits de douane durant deux ans. La juge de la Cour d’Alger a fait savoir au détour d’une question que l’entreprise «GB Pharma» s’était contentée d’importer du médicament, sans jamais lancer la production au niveau national. Accusations auxquelles s’ajoutent celles de pressions et de contraintes exercées contre l’opérateur public de téléphonie mobile Mobilis afin d’acquérir des téléphones portables et des tablettes auprès du groupe Condor. Des charges qui ont toutefois été niées par les accusés, Ahmed Ouyahia laissant notamment entendre qu’il avait uniquement mis en œuvre la politique de l’Etat visant à encourager l’industrie du médicament. Le lien entre le projet «GB Pharma» et Moussa Benhamadi, ancien ministre de la Poste et des Technologies, mais aussi responsable de la gestion de la ville de Sidi Abdallah, n’aurait été que fortuit. «Moussa Benhamadi était actionnaire du Groupe Benhamadi (…) alors que le responsable du projet GB Pharma était Abderrahman Benhamadi», a ainsi expliqué l’ancien Premier ministre lors de son audition le 14 février dernier depuis la prison d’Abadla. L’ancien responsable explique par ailleurs que Moussa Benhamadi (décédé en juillet dernier à la prison d’El Harrach des suites de la Covid-19) n’avait jamais pris part aux réunions du conseil national d’investissement débattant des projets proposés par le groupe Benhamadi. Quant à l’accusation de financement occulte de la campagne électorale d’Abdelaziz Bouteflika, elle aurait été le fait de frères Benhamadi. Les accusés auraient, selon l’accusation, ouvert et mis à disposition un compte bancaire spécialement destiné à recueillir les apports financiers de parties sans aucun lien avec l’élection.