Au cinquième jour du procès de la famille Hamel, l’ensemble des accusés était sous pression et haute tension. Et pour cause. L’audience était consacrée au réquisitoire du procureur de la République du tribunal de Sidi M’Hamed. Et ce dernier n’a pas été tendre avec l’ensemble des responsables et personnes impliqués dans l’affaire.
En effet, le procureur a prononcé un sévère réquisitoire contre Abdelghani Hamel, les membres de sa famille ainsi que les autres personnes impliquées dans cette affaire, dont des anciens ministres et walis. C’est ainsi qu’il a requis une peine de 20 ans de prison ferme contre Abdelghani Hamel l’ancien DGSN ainsi que la saisie de la totalité des biens et une amende de 8 millions de dinars. De même qu’il a requis contre son épouse, Salima Laânani, une peine 10 ans de prison ferme et la saisie de tous ses biens. Les enfants de Hamel, quant à eux, n’ont pas été épargnés par le procureur qui a réclamé 20 ans de prison contre Amiar Hamel, 15 ans de prison contre Chafik Hamel et la saisie des biens, 15 ans de prison contre Mourad Hamel et la saisie des biens. De même qu’il a réclamé une peine de 15 ans de prison ferme contre Chahinez Hamel et la saisie de tous ses biens immobiliers. Aussi et s’agissant des hauts responsables qui ont usé de leur poste pour l’octroi d’avantages à la famille Hamel, ont également été ciblés de manière véhémente par le réquisitoire du procureur. C’est ainsi que le juge a exigé pour Ghelai Moussa, ex-wali de Tlemcen, 15 ans de prison ferme, Bensebaine Zoubir, ancien wali de Tlemcen, 12 ans de prison ferme, Abdelghani Zaâlane, ex-wali d’Oran et ex-ministre du Transport, 10 ans de prison ferme, et Abdelmalek Boudiaf, lui aussi ex- wali d’Oran et ex-ministre de la Santé, 10 ans de prison ferme. Il faut dire que les différents accusés ont difficilement accusé le coup à la lecture du réquisitoire du Procureur.
L’épouse de l’ancien DGSN ainsi que sa fille Chahinaz n’arrivaient visiblement pas à réaliser la sentence. De même que l’ancien ministre de la Santé Abdelmalek Boudiaf, qui était pratiquement dans un état second à la lecture du réquisitoire. Pourtant la veille, Boudiaf s’est démené pour convaincre le Procureur qu’il n’avait que des relations «strictement professionnelles» avec Abdelghani Hamel et que ses enfants «ont déposé leurs dossiers comme n’importe quel citoyen». «La loi n’interdit pas que deux frères aient des assiettes de terrain dans la même wilaya», avait-il plaidé. Poursuivi en tant qu’ancien wali d’Oran pour «abus de fonction» et «octroi d’indus avantages», il a en effet nié l’ensemble des faits en faisant observer que « la procédure de concession de 13 000 m2 accordée à Mourad Hamel à Tafraoui, pour la réalisation d’un entrepôt public, s’est faite dans le strict respect de la législation en vigueur». Il en a fait de même pour justifier l’octroi à Amyar Hamel, du terrain, à El Kerma dans la wilaya d’Oran, d’une superficie de 19 800 m2. «Je peux vous dire que j’ai reçu des dossiers validés par le Calpiref, dans les règles de l’art. Et sachez que tous ceux qui répondent aux conditions requises obtiennent des terrains», a-t-il expliqué à la juge. Idem pour Abdelghani Zaâlane, ex-ministre des Travaux publics, qui s’est défendu en récusant toutes les accusations, expliquant que le terrain de 7 hectares attribué à Chafik Hamel, dans la zone industrielle de Bethioua, devait servir pour un projet d’investissement. «Sachez Madame la juge que la loi de finances complémentaire de 2015 donne la possibilité aux walis de signer des concessions lorsque les conditions sont toutes réunies», a-t-il lancé, avant d’enchaîner : «La procédure répond aux dispositions légales comprises dans les instructions adressées aux walis, toutes les directions des domaines et toutes conservations foncières». De son côté, l’ex-wali de Tlemcen, Zoubir Bensebane, s’est défendu mais n’a pas nié avoir octroyé une assiette foncière au fils de Hamel pour «la réalisation d’un projet de raffinerie d’huile d’olive». S’agissant de l’ancien wali de Tipasa, Ghellaï Moussa, lui également a reconnu «avoir donné un contrat de concession à la société des enfants de Hamel en dépit du refus du tribunal administratif, à travers une correspondance qu’il avait reçue de la part du ministre de l’Intérieur qui appliquait une correspondance du Premier ministre». De son côté, l’ensemble des membres de la famille Hamel ont tenté de se disculper mais sans convaincre, compte tenu de la faiblesse de leurs arguments et de l’importance de leurs acquisitions immobilières.<