Le budget consacré en cette année finissante par le consommateur algérien à ses besoins de consommation en produits de la quotidienneté a considérablement augmenté sous l’effet d’une flambée des prix parmi les plus importantes de ces dernières années.
Par Bouzid Chalabi
C’est la fin de l’année 2021 et les consommateurs vont retenir d’elle la flambée des prix des produits agricoles frais, de la volaille et des denrées manufacturées. Ce qui a occasionné une hausse sensible de leurs dépenses consacrées à leur besoins alimentaires au prix de lourds sacrifices et de privations. Réalisant ainsi une détérioration de leur niveau de vie, notamment chez les couches sociales défavorisées.
Et pour preuve, l’Algérien a constaté tout au long de cette année une effarante dégradation de son pouvoir d’achat. Plus de légumes frais à moins de 50 DA le kilogramme, pas de viande blanche au-dessous de 350 DA/kg, de la viande rouge à plus de 1 200 DA/kg, sans parler du poisson, dont la seule sardine est à un prix moyen annuel de 500 DA/kg. Citons en outre les fruits de saison, qui ont vu leurs prix à la consommation proches de l’année écoulée. A propos des prix des pâtes alimentaires, ils ont doublé, passant de 40 DA le paquet de 500 grammes à 75 dinars.
Le kilo de couscous a plus que doublé, passant de 80 DA à 170 DA, le quintal de semoule, aujourd’hui cédé à 4 500 DA, valait 2 500 DA il y a une dizaine d’années. Idem pour les prix d’une boîte de lait en poudre, de 220 DA en 2010 à 350 DA en 2021, la tomate industrielle de 500 grammes qui atteint 250 DA, alors qu’elle coûtait 160 DA. En somme, «les prix à la consommation ont, en effet, enregistré une hausse de 7% durant les 10 premiers mois de 2021, en comparaison avec ceux pratiqués à la même période en 2020», fait ressortir une étude menée par l’Association de protection et orientation du consommateur et son environnement (APOCE). La raison ? Les auteurs de ladite étude expliquent que «les salaires étant ce qu’ils sont, les prix des différents groupes de produits, dont ceux des biens alimentaires, ont connu une hausse remarquable (+6,8%) due conséquemment à la dépréciation du taux de change du dinar par rapport aux deux monnaies que sont le dollar américain et l’euro, pour se répercuter sur les prix des biens de consommation importés, autant que ceux des intrants et de la machinerie destinée à l’appareil de production».
Net déclin du pouvoir d’achat
Ainsi, ces augmentations se sont traduites par un net déclin du pouvoir d’achat de franges entières de la population. Mettant du coup à rude épreuve les gens à bas revenus et ceux de la classe moyenne, si cette dernière existe encore, sachant, selon les rapports épisodiques de l’Office national des statistiques (ONS) pour la période allant de janvier à septembre 2021, la poussée inflationniste a été plus accrue qu’elle le fut à la fin de l’année dernière. Toujours à propos de la hausse des prix à la consommation, il y a lieu de rappeler que cette tendance date depuis une dizaine d’années en raison, selon des experts dans le domaine, d’une inflation «sournoisement présente, adossée à l’hallucinante dégringolade du dinar», expliquent-ils. Relevant également que l’inflation et la chute du dinar «sont intervenus au moment même où les salaires des 3 millions de fonctionnaires relevant de la Fonction publique, tout autant que les salariés du secteur économique, n’ont pas vu leurs revenus évoluer depuis que les pouvoirs publics ont décidé de consentir quelques augmentations salariales au profit des travailleurs algériens».
Notons, également, que, comme le rapporte une étude menée par des experts il y a quelques mois, il est ressorti que 34% des travailleurs algériens étaient menacés de pauvreté conséquemment à la hausse des prix à la consommation de pratiquement l’ensemble des produits de première nécessité, même ceux subventionnés. Toujours dans ce même sillage, les deux syndicats rivaux que sont l’UGTA et le Snapap sont d’avis, qu’en 2010, une famille de cinq personnes pouvait prétendre à une vie décente avec un salaire moyen de 36 700 dinars, il y a un peu plus de deux ans, ce même revenu devait atteindre les 45 000 dinars pour un quotidien sans gros souci.
En définitive, selon le président de la l’Apoce, commentant l’étude menée par son association, «le fonctionnaire dont le salaire est par exemple de 3 millions de centimes, n’est, en fait, payé que 1,5 million de centimes». Voilà une triste réalité à laquelle l’Algérien doit apprendre à faire avec dans l’attente de jours meilleurs. Sur ce dernier point, les consommateurs espèrent du moins de ne plus avoir à faire face à une autre envolée fulgurante des prix de la pomme de terre et de la volaille comme c’est le cas ces derniers mois. <