Le ministre des Finances Brahim Djamel Kassali a affirmé, dans sa présentation du Projet de loi de finances 2023 devant le Sénat, que selon les prévisions de son département, le taux de croissance de la branche hydrocarbures connaîtra une quasi stabilité entre 2023 et 2025.

Par Khaled Remouche
La croissance économique en Algérie sera ainsi tirée principalement au cours des deux prochaines années par l’agriculture – 6,9% en 2023, 5,5% en 2024 et 5,7% en 2025 -, l’industrie (8,5% en 2023,s 9,6% en 2024 et 9,3% en 2025). Le BTP connaîtra, également, une croissance de 5,6% en 2023, entre autres prévisions importantes. L’augmentation des investissements publics dans le secteur agricole, prévus par la loi de finances 2023, explique cette tendance. Pour l’industrie, il est clair que le développement des secteurs de la sidérurgique (extension des capacités des complexes sidérurgiques de Tosyali et d’AQS à Bellara), de la mécanique (entrée en production des usines de montage automobile et des usines de sous-traitance), la contribution des usines récupérées par l’Etat à l’issue de procès définitifs, le déblocage de projets d’usines, la levée des entraves à l’achèvement de projets industriel en cours de réalisation, contribueront de façon majeure à la hausse du taux de croissance de cette branche. Le BTP, lui, bénéficie de l’augmentation des dotations budgétaires : accroissement du budget d’équipement, dégel de projets, plus de 200, pour un montant de 110 milliards de dinars, et budget 2023 axé sur l’achèvement de projets en cours de réalisation, ainsi que l’inscription de grands projets stratégiques à valeur ajoutée, et enfin le lancement des travaux de plus de 200 000 logements. Du coup, le taux de croissance économique global de l’Algérie est estimé en hausse : 4,1% en 2023, 4,4% en 2024 et 4,6% en 2025. Bémol, le ministre des Finances a affirmé, lors de la même présentation du projet de loi de finances devant le Sénat, que selon les prévisions du ministère des Finances, le taux de croissance des hydrocarbures connaîtra une quasi stabilité entre 2023 et 2025. Le FMI avait déjà alerté, en 2021, que le secteur des hydrocarbures allait connaître une stagnation du fait du désinvestissement dans le secteur au cours des cinq dernières années et donc freiner la croissance économique globale du pays.

Hydrocarbures, un taux de croissance stable
Selon les chiffres de l’ONS, le taux de croissance du secteur hydrocarbures étaient en forte baisse entre 2017 et 2020 : -2,4% en 2017, -6,4% en 2018, -4,9% en 2019, -10,2 % et un rebond positif de +10,5% en 2021 qui s’explique par la remontée de la production après la forte baisse, en 2020, en raison des effets de la crise sanitaire.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette tendance, l’absence d’appel d’offres en matière d’exploration et de développement de gisements depuis plusieurs années, le retard dans la mise en application de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, et son corollaire, l’absence de nouveaux investisseurs dans l’amont algérien, ainsi que les difficultés à engager les sociétés de services étrangers dans des projets de développement de gisements. A cela s’ajoute la forte demande domestique en gaz qui parasite les efforts de production.
Résultat des courses, la croissance du secteur des hydrocarbures freinée, le taux de croissance économique global prévisionnel n’atteindra pas, selon ces prévisions, la barre des 7%, seuil minimal espéré pour inverser la tendance en matière de taux de chômage. Il faudra espérer que le secteur des hydrocarbures réalise des taux de croissance meilleurs au cours des deux prochaines années. Cela passe par un plus grand dynamisme de Sonatrach manifesté par la mise en service rapide des gisements de gaz et de pétrole en cours de développement comme les gisements de gaz du Sud-Ouest, le champ de gaz d’Isarène, l’achèvement des travaux concernant le pôle gazier de Tinhert, le développement de nombreuses découvertes non exploitées.
Cela passe aussi par la transformation des mémorandums d’entente avec de multiples compagnies étrangères en accords fermes. Il faudra s’attendre à ce que l’ouverture des plis concernant le nouvel appel d’offres en matière d’exploration et de développement de gisement en direction des compagnies étrangères soit effectué en 2023. L’opération est au stade de la pré-qualification des compagnies éligibles à cet appel d’offres. Pour éviter les échecs précédents, les périmètres proposés devraient être plus attractifs. Un ingrédient qui, avec un encadrement réglementaire et fiscal plus favorable, devrait entraîner de plus importants investissements étrangers dans l’amont et qui contribueront à inverser ces tendances. n