Par Nadir Kadi.
Au lendemain du drame survenu en Syrie et en Turquie, le professeur Abdelkrim Chelghoum, président du Club algérien des risques majeurs et directeur de recherches à l’USTHB, a rappelé le caractère imprévisible des séismes, le seul moyen d’y faire face étant par conséquent la préparation permanente au travers de l’application de lois et réglementations adaptées. Le responsable et scientifique, invité sur les ondes de la radio nationale, explique en effet à propos de la situation en Algérie que «tout le littoral est vulnérable» appelant en ce sens à l’actualisation des lois imaginées suite au séisme de 2003, mais aussi à la création d’une instance à même de planifier les réponses possibles aux situations d’urgence.
En effet, sans écarter l’espoir d’une hypothétique avancée de la science en matière de prévision des séismes, Abdelkrim Chelghoum ajoute toutefois qu’à l’heure actuelle aucun moyen n’est effectif, seule la préparation est de mise : «Parmi les 14 risques majeurs identifiés à travers le monde, seuls les séismes demeurent imprévisibles et imprédictibles». Par conséquent, il s’agit de revoir et d’actualiser «tous les 10 à 15 ans» les réglementations en matière de construction en prenant notamment en compte l’urbanisme et la cartographie des risques. Abdelkrim Chelghoum souligne que la «loi qui concerne les risques majeurs est la loi 04-20 (…) C’est une excellente loi. Elle a néanmoins besoin d’être actualisée (…) il faut mettre en place des procédures de protection du territoire». Les contours de cette réglementation remontent en effet aux multiples retours d’expérience suite au séisme de Boumerdes.
Plusieurs axes et pistes sont évoqués par le responsable afin d’améliorer la résilience du pays face aux risques de séismes. Ainsi en parallèle de l’amélioration constante des moyens et capacités des services de secours, le professeur Abdelkrim Chelghoum a notamment appelé au diagnostic des habitation existante et notamment des plus anciennes : «Le vieux bâti est un sujet complexe (…) nous avons demandé la mise en place d’une commission associant des bureaux d’étude publics, privés et universitaires pour déterminer les paramètres de vulnérabilités des vieux bâtiments dont certains ont près de 200 ans». Quant aux bâtiments plus récents, il s’agit, entre autres d’interdire les transformations de logement réalisés sans autorisation. Par ailleurs, et sur un plan plus global, Abdelkrim Chelghoum a fait savoir que le code de l’urbanisme nécessiterait aujourd’hui l’engagement de nouvelles procédures, dont l’application est imposée par la loi : «Il faut élaborer un micro-zonage pour tout le nord du pays, cela veut dire avoir les données de l’accélération sismique du sol pour chaque région (…) ce paramètre permet d’affiner les calculs lors de l’élaboration puis la construction d’un bâtiment. Il faudra imposer cela par la loi et pour chaque construction, je rappelle que beaucoup de bâtisses effondrées en 2003 ne respectaient pas la réglementation». Quant aux contrôles des nouvelles constructions et leur conformité aux règles parasismiques, Abdelkrim Chelghoum rappelle qu’«il existe déjà au niveau des collectivité locales des responsables chargés de l’urbanisme et de la délivrance des permis de construire (…) cela implique le respect de la réglementation parasismique (RPA) pour les bâtiments, et le RPAO pour les ouvrages d’art.» n