Le journaliste Sofiane Merakchi a quitté, hier, la prison d’El Harrach après avoir purgé sa peine
de 8 mois pour laquelle il avait été condamné. Khaled Drareni, en détention préventive, comparaît, lui, aujourd’hui, en appel devant la Cour d’Alger.
Correspondant de la chaîne de télévision libanaise Al Mayadeen, Merakchi a été poursuivi pour «recel de matériel» et de «fourniture des images des manifestations du vendredi 20 septembre à la chaîne Al Jazeera et à d’autres médias étrangers».
Après avoir été renvoyé plusieurs fois, le procès du journaliste a eu lieu en avril dernier dans lequel le Procureur de la République avait requis 2 ans de prison ferme et une amende de 5 fois le coût du matériel audiovisuel saisi contre le prévenu.
A sa sortie de prison, hier, Sofiane Merakchi, qui doit être jugé en appel le 4 juin prochain, n’a pas fait de déclaration, selon des témoins. Des actions de soutien et de solidarité avec le désormais ancien détenu ont été organisées par ses confrères, dont un rassemblement au niveau de la Maison de la presse pour exiger la libération du journaliste qui a mené au cours de son séjour carcéral une grève de la faim. Le 7 mars dernier, le Collectif des journalistes algériens unis (JAU), cadre créé pour défendre les professionnels de la presse, a rendu public un communiqué dans lequel il a réitéré à Sofiane Merakchi son soutien. Le collectif a dénoncé, dans le même document, «la mise en détention provisoire de Merakchi pour avoir exercé son métier de journaliste en couvrant de manière constante le mouvement populaire en dépit des pressions et des intimidations». «L’accusation d’infraction au code des Douanes et d’utilisation d’un appareil de diffusion en direct – que toutes les chaînes TV utilisent en Algérie – dont il fait l’objet n’est qu’un prétexte pour punir le journaliste et le faire taire», avait affirmé le collectif dans son communiqué.
Par ailleurs, le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) a rappelé sur sa page facebook que le journaliste Khaled Drareni, en détention provisoire depuis fin mars, comparaîtra aujourd’hui devant la chambre d’accusation de la Cour d’appel d’Alger. Le journaliste Drareni, directeur du site d’information en ligne Casbah Tribune et correspondant de la chaîne internationale francophone TV5 Monde en Algérie, a été poursuivi pour «incitation à attroupement non armé et atteinte à l’intégrité du territoire national». Le collectif de défense de Khaled Drareni avait fait part du dépôt d’une demande de libération provisoire devant le Tribunal de Sidi M’hamed à Alger, affirmant que le dossier «offre toutes les garanties pour se présenter le jour de son procès» et que son emprisonnement est d’autant plus «arbitraire» qu’il exerçait ses fonctions de reporter lors de son arrestation. A la veille de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) de défense des droits de l’Homme, dont Amnesty International, avaient appelé les autorités à libérer le journaliste Khaled Drareni. «Les autorités doivent immédiatement et sans condition libérer Khaled Drareni et mettre fin à ces poursuites scandaleuses. Il est puni simplement pour avoir osé faire son travail journalistique de façon indépendante et courageuse», avait dénoncé Heba Morayef, directrice d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, dans un communiqué.
Le 31 mars dernier, le père du journaliste Khaled Drareni a adressé une lettre au chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, dans laquelle il lui demande d’intervenir pour «mettre fin à l’abus de pouvoir dont son fils est victime». n