Un hommage sera rendu à l’œuvre et au parcours du romancier algérien Rachid Mimouni à l’occasion de la commémoration du 25e anniversaire de sa mort, lors de la rencontre organisée demain, 18 février, à 14H, à l’Agora du livre de la librairie Media Book d’Alger. L’ouvrage collectif «Rachid Mimouni ou l’écriture de la subversion», publié aux éditions Entreprise nationale des arts graphiques (Enag) sera présenté en présence du Dr Nawel Krim, coordinatrice de cet ouvrage, et du Pr Youcef Immoune et Abdelhamid Bourayou
Dans la présentation de cet ouvrage par Nawel Krim, il est souligné qu’«au-delà de l’hommage commémoratif rendu à un auteur, que nous avons aimé lire et relire, l’ensemble des enseignants chercheurs du département de français de l’université d’Alger 2 et de l’université d’Oran ont eu le plaisir de venir redécouvrir le cheminement intellectuel et politique de l’écrivain, de dégager ses principales options ainsi que leur évolution. De revisiter, également, dans l’hétérogénéité qui la constitue, l’œuvre romanesque de celui qui disait « comme écrivain, ma réflexion évolue avec le temps et avec la société dans laquelle je vis». Nawel Krim, chercheur au laboratoire Etudes de pragmatique inférentielle de l’université Alger 2, souligne dans cette optique que «les écrits de Mimouni traversent, en effet, les décennies, dépassant leurs conditions de production pour nous confronter à nouveau à des réalités qui ne cessent de nous interpeler tant les faits dénoncés sont têtus. » Dans sa contribution à cet ouvrage qu’elle a coordonné, l’article de Nawel Krim présente le parcours de Mimouni à travers ses romans, parcours littéraire et ses prises de positions politiques. Elle estime ainsi que du « le Printemps n’en sera que plus beau » aux « Chroniques de Tanger », l’homme et sa littérature se sont forgés au gré de l’indignation du citoyen et de l’affirmation de la puissance de son verbe et de l’étendue de son univers romanesque.
Pour sa part, Hacène Arab propose une réflexion sur l’insoutenable désespoir d’un destin individuel, « Tombéza » (personnage-roman), raconté dans un monologue aux formes délirantes. C’est un récit moderne qui introduit le lecteur dans un monde étrange et nauséabond qui l’invite, même pris par un haut le cœur, à réagir. Il est également souligné dans la présentation de cet ouvrage qu’Assia Kasdali soulève la question de la «subversion des genres » dans « l’Honneur de la tribu ». Transgresser les règles de l’écriture traditionnelle impose au lecteur une attitude de constant éveil. Le pacte de lecture établi par l’auteur au début du roman participait à brouiller les attentes du lecteur. La construction du récit met en évidence la volonté de l’auteur de rompre avec la chronologie, plus rassurante pour le lecteur. Azziza Lounis, livre quant à elle, une lecture des trois romans « le Fleuve détourné », « Tombéza », « l’Honneur de la tribu ». Du fleuve métaphorique qui réveille les souffrances et les regrets d’un peuple à la déception et la désillusion de l’honneur de la tribu, en passant par la contestation et la dénonciation de Tombéza, une trilogie qui se construit en trois actes qui réunissent les éléments de la tragédie de l’Algérie post indépendance.
Pour sa part, Fouzia Bendjelid étudie les « textes de l’urgence » dans l’œuvre de Mimouni. Deux œuvres successives, « De la barbarie en général et de l’intégrisme en particulier » et « la Malédiction » traduisent un moment tragique, la dénonciation de la violence des extrémistes et l’intolérance de l’intégrisme. Tandis que Youcef Immoune explore les arcanes de la réception de l’image de l’homme auteur Mimouni auprès des lecteurs. Ces derniers rencontrés sur les forums de discussion ont lu Mimouni, en parlent et le font connaître à d’autres. C’est à travers ces discussions que l’auteur recompose l’image qui est reconstruite de Mimouni et fait ressortir les impressions de lecture.
Nawel Krim annonce aussi dans la présentation de cet ouvrage qu’un autre ouvrage sur l’œuvre de l’auteur, intitulé « Rachid Mimouni : ruptures et renouveaux », coordonné par le Dr. Nawel Krim et le Pr. Youcef Immoune, est sous presse aux éditions Frantz-Fanon. En concluant que l’ouvrage répond à « l’impératif de revisiter » l’œuvre de Rachid Mimouni «tant elle fait écho aux préoccupations actuelles, au-delà des contextes immédiats de production et de réception ». Il s’agit de redécouvrir ses textes par «leur relecture, leur ré-interrogation en des termes inédits, avec de nouvelles approches, au regard de l’actualité des faits et de la connaissance ».