Par Bouzid Chalabi et Hakim Ould Mohamed
De février 2018 à janvier 2019, l’évolution des prix à la consommation a été de 4,2%. La variation mensuelle des prix à la consommation en janvier 2019 par rapport à décembre 2018 a été de 0,4%.
C’est ce que rapporte l’Office national des statistiques (ONS) dans un communiqué rendu public hier. Elle y donne le détail des variations mensuelles des prix à la consommation par catégorie de produits.
Ainsi les prix des biens alimentaires ont enregistré une hausse de 0,6% en janvier 2019 comparativement à décembre 2018.
Concernant les prix des produits agricoles frais, ils ont affiché une hausse de 1%, précise l’Office. Selon l’ONS, cette variation mensuelle est due à une augmentation des prix des fruits (+3,7%), des légumes (+2,3%), de la viande rouge (+0,4%) et du poisson (+11,5%). Par contre, des baisses ont caractérisé d’autres produits alimentaires, toujours de même source. Il s’agit essentiellement de la viande blanche (-4,4%), des œufs (-1,9%) et de la pomme de terre (-2,4%). Pour les prix des produits alimentaires industriels (agroalimentaires), ils ont augmenté de 0,2%. Par ailleurs, les prix des produits manufacturés ont connu une hausse de 0,3%, alors que ceux des services ont relativement stagné. Par groupe de biens et services, l’augmentation des prix a touché l’habillement-chaussures (+0,7%), l’éducation-culture-loisirs (+0,3%) et le groupe divers (+0,6%). Quant au reste des produits, leurs prix se sont caractérisés par une stagnation. L’Office précise enfin que l’évolution des prix à la consommation en rythme annuel jusqu’à janvier 2019 est le taux d’inflation moyen annuel calculé en tenant compte des 12 mois allant de février 2018 à janvier 2019 par rapport à la période allant de février 2017 à janvier 2018. Ainsi, le rythme inflationniste a baissé sur un an, passant de 4,5% entre décembre 2017 et novembre 2018, à 4,2% en janvier 2019 en glissement annuel. Le taux reste jusqu’ici dans la limite des prévisions officielles qui tablent sur une inflation de 4,5% en 2019, contre 4,3% en 2018. Le taux a baissé ainsi de 0,3 point en janvier par rapport à décembre en glissement annuel est de 0,2 point en janvier par rapport à la moyenne de l’ensemble de l’année 2018. C’est inespéré pour un gouvernement qui, une année auparavant, a mis en œuvre la planche à billets comme moyen de financement. En un laps de temps d’une année, la Banque d’Algérie a émis 4 005 milliards de dinars qu’elle a mis à la disposition du Trésor public qui, à son tour, a canalisé cet argent vers le financement de déficits et défauts de trésorerie d’institutions et organismes publics. Pour le gouvernement, la baisse de l’inflation pourrait constituer une bouffée d’oxygène, alors que certaines réformes qui pourraient être porteuses de poussées inflationnistes, dont la révision des subventions, sont dans les starting-blocks, dans l’attente de leur lancement. Probablement vers le second semestre de l’année en cours, si l’on se fie aux engagements du gouvernement, repris dans le dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI), qui relatait une partie des discussions que ses experts ont eues avec les autorités algériennes.
Celles-ci ont montré de sérieuses velléités d’un retour aux opérations d’assainissement financier dès 2019.
L’inflation quasi-stable malgré le recours à la création monétaire
Calculée sur une année, l’inflation est restée quasi-stable malgré le recours à la création monétaire. Ceci s’explique par le fait qu’il n’y a pas eu d’augmentation de la masse monétaire stockée dans les circuits bancaires. Les 4 005 milliards de dinars n’ont pas été injectés dans la consommation et sont arrivés à un moment où les ressources «conventionnelles» s’amenuisaient dangereusement, en dépit des opérations d’Open Market et de réescompte lancées par la banque centrale, une tentative pour rehausser le niveau de liquidités bancaires. Dit autrement, la planche à billets était l’ultime recours après épuisement de toutes les possibilités. C’est-à-dire que les ressources générées par la planche à billets n’ont pas alimenté des ressources existantes, d’où l’absence d’effet retour de manivelle une année après l’avoir mise en marche. Mais le pire est à craindre car plus les tirages de monnaie sont importants plus le risque de surchauffe devient élevé. D’autant plus, qu’à court terme, il ne semble pas y avoir une alternative à la planche à billets tant il est vrai que la hausse de la fiscalité ordinaire au moyen de l’augmentation des impôts et l’institution d’autres impositions serait porteuse de risques, alors que la hausse de la fiscalité pétrolière est tributaire, elle, du prix du baril de Brent. Le pire est à venir aussi car, la planche à billets n’est pas une alternative durable, si ce n’est offrir un répit à l’économie à court terme. Cette approche, qui est la monétisation des déficits, fait peser par-dessus tout des risques considérables sur les perspectives économiques. Elle pourrait, à terme, exacerber les déséquilibres budgétaires et extérieurs, alimenter l’inflation, accélérer la diminution des réserves de change, aggraver les risques pour la stabilité financière et, en fin de compte, ralentir la croissance. Si les perspectives venaient à s’assombrir, l’Exécutif n’aura de choix que d’interrompre la production monétaire et revenir à des réformes de rupture qui, si elles venaient à être mises en branle, consisteraient en une dévaluation de la monnaie, une remise en cause des subventions généralisées, une hausse des impôts, toutes porteuses de risques inflationnistes. Ce qui revient à dire que la planche à billets est une arme à double tranchants. Les réformes aussi. L’Exécutif se voit pris entre deux feux.<