Par Bouzid Chalabi
Les dépositaires d’huiles des sociétés productrices d’huile de table sont en rupture de stocks depuis plus d’une semaine. Une rareté qui inquiète le consommateur, qui s’interroge quant aux causes de cette situation alors que le département du Commerce tente de rassurer sans convaincre.
La cause serait due au défaut d’approvisionnement orchestré par lesdites sociétés sous le prétexte de période de bilan comptable. En somme, elles ont fait en sorte depuis d’épuiser leur stock relevant de l’exercice comptable 2021 avant de relancer leurs chaînes de production. Une procédure tout à fait logique sur le plan comptable mais n’empêche que cela a généré une vive tension dans le circuit commercial de ce produit.
Pour l’heure, on apprend du président du Comité des grossistes d’Oued Smar (banlieue est d’Alger), Walid Ameur, que la tension va diminuer à partir de ce mardi 4 janvier 2022. Ce dernier précisant à Reporters que «les dépositaires en huile de table ont réceptionné les premiers arrivages dimanche dernier et procéderont à leur vente aux grossistes aujourd’hui».
Notre locuteur considérant, à propos de cette situation de tension vécue ces 10 derniers jours qu’ «elle aurait pu être évitée pour peu que les sociétés de production aient pris des dispositions particulières pour que l’outil de production soit maintenu en activité et non pas soumis à l’arrêt pour des raisons de bilan comptable, comme on nous l’a indiqué aux services commerciaux».
En clair, toujours selon le président du comité, «les sociétés ont procédé de manière à épuiser entièrement leur stock disponible pour pouvoir faire démarrer leurs chaînes de production».
Autre facteur à l’origine de la crise, «les dépositaires ont exigé des grossistes de régler leurs anciennes factures avant de passer commande. Ce qui a poussé certains à cesser pour un temps les achats d’huile de table dans l’attente d’honorer leurs dettes», nous a rapporté notre locuteur. C
e faisant, cette période de cassure dans la livraison en gros de l’huile de table a créé une sérieuse situation de tension au sein de milliers de foyers. Ils ne s’attendaient guère à une disparition rapide d’une denrée aussi indispensable sur les étals du commerce du détail au point où le moindre bruit d’un arrivage dans une grande surface s’est traduit par des ruées.
En témoignent les longues queues rapportées sur les réseaux sociaux ainsi que des scènes de bousculades où tout un chacun cherche à s’approvisionner tant bien que mal pour éviter de rentrer bredouille. Et pourtant, de nombreuses directions de commerce de wilaya, par le biais de communiqués, ont démenti la rumeur dès son début, sur la crise de l’huile de table.
Faut-il rappeler enfin que cette crise est la deuxième du genre en l’espace de neuf mois. En effet, l’huile de table s’est faite très rare sur les étals du commerce du détail au début du mois d’avril 2021.
A l’époque, la cause de la crise relevait de «l’instauration de la facture dans toute transaction d’achat auprès du dépositaire officiel de telle ou telle marque d’huile, ce qui a fait tourner le dos à beaucoup de grossistes», nous avait expliqué un groupe de grossistes de Oued Smar, approchés sur place à l’époque par Reporters.
Leur président de comité nous indique à la même occasion que «les producteurs ont haussé leur prix sur toute la gamme de contenance de leurs huiles de table alors qu’il est demandé aux grossistes de rester dans les mêmes prix qu’auparavant car plafonnés par les pouvoirs publics».
En définitive, et d’une façon ou d’une autre, c’est toujours les producteurs qui sont en grande partie à l’origine de ces deux dernières tensions. Faut-il pour cela que les pouvoirs publics introduisent de nouvelles règles dans le circuit production et vente sortie d’usine ? C’est nécessaire si l’on veut en finir avec ces tensions récurrentes qui pénalisent grandement les consommateurs. <