L’Algérie devrait recevoir, d’ici la fin du mois en cours, une quantité dépassant un million de doses de vaccins contre le nouveau coronavirus. Il s’agit des anti-Covid-19 provenant des mêmes firmes ou pays d’où elle s’est approvisionnée auparavant, à savoir le vaccin russe Sputnik V, le vaccin chinois Sinovac et l’anglo-suédois AstraZeneca, selon le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière.

PAR INES DALI
Cette annonce de nouveaux arrivages n’est pas sans rappeler celles faites auparavant et que les fournisseurs n’ont finalement pas pu satisfaire, imposant, ainsi, un rythme vaccinal dont la lenteur n’est plus à prouver.
«Nous devrions recevoir au mois de mai plus de un million de doses de vaccins. Nous aurons 400.000 doses au moins pour le vaccin Sinovac et cela est convenu avec le laboratoire fabricant avec lequel nous avons de bons rapports», a indiqué, hier, le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid. Ces «bons rapports» devraient éventuellement servir à augmenter les importations de cet antidote puisque le ministre a déclaré avoir agi dans ce sens, en donnant des instructions au directeur général de l’Institut Pasteur d’Algérie, Dr Fawzi Derrar. «J’ai demandé au DG de l’Institut Pasteur de négocier encore plus de doses avec Sinovac», a-t-il fait savoir, ajoutant que l’Algérie veut négocier plus car elle a les moyens de payer ses acquisitions. «Nous payons, il n’y a aucun problème de ce côté-là», a ajouté le ministre. Pour le vaccin Sputnik V, comme «les Russes ne nous ont envoyé que 50.000 doses, ils s’engagent maintenant à envoyer le reste en mai», a révélé le ministre de la Santé. «On aura donc le Sinovac, le Sputnik V et on va recevoir également un deuxième quota de 675.800 doses du vaccin d’AstraZeneca», a encore fait savoir le Pr Benbouzid.
Le ministre n’a cependant pas caché que ce ne sont, en fait, que des prévisions qui pourraient ne pas se réaliser pour différentes raisons. Les difficultés rencontrées sur le terrain, que ce soit pour les pays acquéreurs ou pour les laboratoires fabricants, sont légion. «Les arrivages de vaccins annoncés d’ici la fin du mois en cours restent tributaires, je le dis et je le répète, des fournisseurs qui, eux-mêmes, peinent», a expliqué le ministre de la Santé. Concernant le retard pris pour la livraison du Sputnik V, il a affirmé qu’«il y a peu de fabrication de vaccins en Russie, c’est connu que ce pays ne fabrique pas de grandes quantités. Nous espérons avoir (nos commandes, ndlr)». Et au Professeur Benbouzid de résumer : «Nous aurons plus d’un million de doses de vaccins anti-Covid-19 en ce mois de mai et nous allons donc accélérer la vaccination».
L’achat des anticoronavirus continue d’être problématique, et ce, alors même que le budget réservé à cette opération ne cause pas de problèmes, comme l’a soutenu le ministre de la Santé. Il y a lieu de rappeler, dans ce sens, que l’Algérie a déjà avancé des montants pour l’acquisition des anticoronavirus et que l’obstacle ne vient pas du côté financier, mais plutôt des fournisseurs qui peinent à honorer leurs engagements en raison de la très forte pression mondiale sur les vaccins. L’Algérie a débloqué une enveloppe de 12,7 milliards de dinars pour l’achat des anticoronavirus, selon un décret présidentiel publié en avril dernier. La problématique ne se pose donc pas en termes de budget mais plutôt en termes de disponibilité au niveau des fournisseurs. Pour tenter de trouver une solution à ce problème, de nombreux professionnels de la santé ont appelé à ce que l’Algérie fasse intervenir sa diplomatie pour avoir les quantités suffisantes qui permettent de donner un bon coup de fouet à la vaccination.
Une vaccination qui a touché, depuis son lancement le 30 janvier dernier, seulement un peu plus de 1% de la population éligible à la vaccination, selon les déclarations du Dr Mohamed Yousfi, chef de service infectiologie de l’EPH de Boufarik, alors que le pays ambitionne de vacciner 20 millions de personnes cette année. Les vaccins reçus jusqu’à présent, moins de un million de doses, imposent un rythme vaccinal loin de satisfaire la demande. L’augmentation de la cadence de vaccination devient de plus en plus «urgente» et «s’impose» face aux variants qui sont déjà au nombre de trois en Algérie – le dernier étant le variant indien détecté la semaine dernière- et dont le nombre ne cesse d’augmenter. Pour contrer la transmission rapide de ces variants qui causent des cas graves de la maladie, les spécialistes soutiennent que c’est «une vaccination de masse» qu’il faut et non une «vaccination sporadique». Pour rappel, la dernière cargaison d’anti-Covid-19 est arrivée en Algérie le 30 avril dernier, mais les quantités n’avaient pas été précisées.

Prime Covid : instruction pour le versement de la 3e tranche
Sur un autre registre, celui ayant trait aux personnels de la santé, la tutelle a donné instruction pour le versement de la troisième tranche de la prime Covid qui connait un retard. L’instruction a été transmise pour exécution à toutes les directions de la santé et de la population (DSP) à travers le territoire national. Mais pas seulement. Les DSP ont été également destinataire d’une note les instruisant de procéder au paiement de tous les opérateurs économiques avec lesquels il y a eu transactions, comme les fournisseurs d’oxygène et de gaz à usage médical et toutes les dettes relatives au volet de la gestion accumulées depuis 2019.
Dans sa correspondance, le ministère de la Santé, par le biais de la direction des finances et moyens, a insisté auprès des directeurs de la santé des wilayas de faire preuve de rationalité dans les dépenses destinées au secteur dans un courrier intitulé «dépenses complémentaires au titre de l’année 2021». Les directeurs des établissements de santé publique doivent également faire preuve de «rigueur» dans les dépenses. Ce budget additionnel 2021 est le premier cette année alloué après approbation du président de la République, selon l’instruction qui met l’accent sur le fait que la première partie du budget additionnel est réservé aux personnels et à la gestion.
A noter qu’un budget additionnel de plus de 227 millions de dollars a été transféré au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, selon un décret présidentiel signé le 25 avril dernier. <