Les ports algériens vont atteindre, en 2021, les 6 millions d’Equivalent vingt pieds (EVP) contre 2 millions d’EVP actuellement, soit le triple, a indiqué à l’APS le P-DG du groupe Services portuaires (Serport), Djelloul Achour.
Ce gain de capacité additionnelle de 4 millions d’EVP sera comptabilisé une fois terminés les projets de réalisation et d’extension des terminaux à conteneurs.
Il s’agit des projets de construction du terminal à conteneurs de Djendjen (Jijel) doté d’une capacité de 2 millions d’EVP, d’extension-développement du terminal d’Alger qui va augmenter ses capacités à un 1 million d’EVP, d’extension-développement du terminal d’Oran qui va accroître ses capacités à 1,5 million d’EVP. S’ajoute à cela, le port d’Annaba, qui va mettre en place son terminal à conteneurs d’une capacité de 600 000 EVP et le port de Béjaïa qui va augmenter ses capacités à 300 000 EVP prochainement, selon M. Achour.
Par ailleurs, un quai minéralier est en cours de construction au port d’Arzew pour les opérations du complexe sidérurgique Tosyali Algérie à l’import et à l’export. Au niveau du port de Djendjen, un appontement minéralier va rentrer en exploitation dans quelques mois, pour prendre en charge les activités du complexe sidérurgique Algerian Qatari Steel (AQS). Pour le quai minéralier d’Annaba, d’un montant de 75 milliards de dinars et qui s’inscrit dans le cadre du mégaprojet de phosphate, le P-DG de Serport a expliqué que les appels d’offres avaient été relancés il y a un mois.
S’agissant du transport des voyageurs,
M. Achour a fait savoir que la nouvelle gare maritime d’Annaba sera réceptionnée dans trois mois. Elle sera dotée d’une capacité annuelle de 700 000 voyageurs et 350 000 voitures. Et viendra en renfort aux deux nouvelles gares maritimes mises en service en 2018 à Alger et Béjaïa, avec une capacité de 1 million de voyageurs et 500 000 voitures/an pour chacune. Pour améliorer les services au niveau des gares maritimes, le groupe Serport prévoit de développer le transport routier (Ro-Ro) qui permet de réduire sensiblement les délais et les coûts.
Transit portuaire, vers des terminaux plus rapides
Allons-nous vers des terminaux portuaires algériens express et capables de faire sortir les marchandises des quais en des temps moins longs qu’avant ? Pour le PDG du groupe Services portuaires Serport, la durée de séjour de ces marchandises ne dépassera plus les cinq jours contre la vingtaine de jours auxquels armateurs et opérateurs du secteur étaient habitués. «Nous nous sommes promis avec les services des Douanes d’aller vers davantage de rigueur dans la gestion du transit et nous comptons limiter sa durée à cinq jours contre 21 jours actuellement », a déclaré à l’APS Djelloul Achour. Pour y parvenir, on compte sur l’aboutissement du projet de digitalisation des activités des structures portuaires et le traitement des marchandises avant même l’arrivée à quais des conteneurs. Cela permettra la réception, le dédouanement et l’acheminement des marchandises à leurs bénéficiaires dans les meilleurs délais, a expliqué M. Achour.
Serport étudie également des nouvelles solutions en partenariat avec la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) permettant de livrer directement le conteneur qui arrive au port, vers son bénéficiaire qui le réceptionne au niveau des plateformes logistiques extra-portuaires connectées aux réseaux ferroviaires. Après la réception des marchandises, le conteneur sera restitué au niveau de la plateforme et reconduit ensuite vers le port, ce qui permettra de réduire sensiblement la facture des surestaries -les indemnités que l’affréteur doit payer au propriétaire du navire quand le temps de chargement ou déchargement dépasse le temps contractuel de planche.
M. Achour, précise que les charges de l’opération de transport vers les plateformes seront supportées par les entreprises portuaires à travers leurs filiales logistiques. Le groupe Serport a déjà investi dans ce genre de plateformes à l’instar de celle de Tixter qui assure la logistique et le transport intermodal entre le port de Béjaïa et la zone industrielle de Bordj Bou-Arréridj.
Gestion des ports, deux nouveaux partenariats annoncés
Toujours en termes de gestion, le port d’Oran devrait s’ouvrir au partenariat étranger alors que les ports d’Annaba et de Skikda devraient connaître la même perspective, selon le numéro 1 de Serport. « Deux partenariats sont en cours de négociation pour la création de joint-ventures chargées de gérer et exploiter à partir de 2021 les terminaux à conteneurs, à l’instar de ce qui se fait actuellement à Béjaïa, Djendjen (Jijel) et Alger », a déclaré Djelloul Achour.
Pour rappel, le groupe Serport a mis terme, en novembre dernier, à son partenariat avec DP World dans le projet de digitalisation des services portuaires. « Nous avons jugé ce partenariat très déséquilibré. Il y avait de l’engouement de la part de notre partenaire, mais nous avons préféré résilier et opter pour une solution algérienne », a expliqué M. Achour.
En effet, une joint-venture a été créée en 2015 entre la partie algérienne et DP World pour mettre en place, exploiter et développer le guichet unique électronique au niveau des ports d’Alger, d’Oran et de Skikda, avant de le généraliser aux autres ports algériens.
Serport, 120 millions de tonnes de marchandises
Les dix entreprises portuaires relevant du Groupe Serport ont enregistré une augmentation du trafic global de marchandises à 120 millions de tonnes en 2019 contre 119 millions de tonnes en 2018. Le volume de marchandises exportées depuis les dix ports commerciaux algériens s’est élevé à 75,6 millions de tonnes d’exportation équivalant, soit 63 % du trafic global traité en 2019. Des évolutions en matière de trafic global ont été constatées particulièrement au niveau des ports de Djendjen (+32%), d’Oran (+10%), d’Annaba (+ 5%), et d’Alger (+2%).
En ce qui concerne les facilitations destinées à l’exportation, le P-DG du groupe,
M. Achour, a souligné que plusieurs mesures ont été prises par les filiales du groupe pour la réduction du temps de séjour de la marchandise de 50 à 80% des tarifs d’embarquement. Ses mesures seront accompagnées par la création de nouvelles plateformes logistiques reliées aux ports par des voies ferrées, dans lesquelles la marchandise sera préparée (colisage, conditionnement, emballage…).
Une future école de management portuaire à Mostaganem
Le P-DG de Serport a annoncé la mise en place en juin prochain d’une école de management portuaire qui sera chargée d’ « assurer de manière régulière et durable, la formation en management portuaire des cadres et autres personnels et à accompagner le rajeunissement de l’encadrement au niveau des filiales du portefeuille, et assurer une relève managériale permanente. Avec des programmes adaptés et des formations diplômântes, en collaboration avec des instituts spécialisés de renom européens ». Dotée d’une capacité de 500 places pédagogiques, cette école qui sera installée au port de Mostaganem permettra de « remédier au manque de performance managériale » dans ce domaine, les activités portuaires, l’exploitation, la sécurité, la logistique portuaire et extra portuaire, la digitalisation… S’agissant du bilan des activités portuaires durant l’année 2019, le P-DG a expliqué la croissance de 1% enregistrée en matière de volumes de marchandises transportées, par la levée de certaines restrictions sur l’importation.