Le plan de relance gouvernemental dédié à surmonter la panne économique et les retombées néfastes de la Covid-19 attend encore d’être traduit sur le terrain par des mesures franches et directes en faveur des entreprises. L’Exécutif a annoncé qu’il allait injecter 1 900 milliards de dinars et une douzaine de milliards de dollars pour remettre l’économie en marche, fragilisée par le double choc coronavirus-chute des cours du brut, en plus des difficultés structurelles que le pays traîne comme un boulet depuis maintenant plusieurs décennies. Une réunion du gouvernement s’est tenue mercredi dernier pour examiner les modalités de mise en œuvre des mesures du plan de relance. Les dispositions, rappelons-le, ont été déclinées en trois phases, à savoir les mesures urgentes à mettre en œuvre avant la fin de l’année 2020, les mesures de court terme pour l’année 2021, les mesures de moyen terme dont la mise en œuvre devrait intervenir durant la période de 2022-24. Rien, cependant, n’a été communiqué sur la nature de ces mesures, plus particulièrement celles destinées aux entreprises affectées par la Covid-19 ainsi qu’au renforcement de l’appareil de production nationale et les filières à haute valeur ajoutée. Sur les deux enveloppes que le gouvernement comptait injecter dans l’économie, le mode d’emploi n’a pas été non plus explicité, alors que des centaines d’entreprises sont dans l’attente des mesures d’application aussi bien financières que fiscales. Pour ainsi dire, si le plan de relance a pour objectif de sortir l’économie de la récession en mettant le paquet sur le soutien aux entreprises et à l’investissement, l’Exécutif n’a pas encore levé le voile sur les mesures d’application ; lesquelles doivent être assorties, bien évidemment, d’un retour sur investissement en matière d’emplois et de créations de richesses. Des mesures de facilitations d’accès aux crédits bancaires ainsi qu’un assouplissement fiscal, se rapportant essentiellement au report du paiement des taxes et l’annulation des pénalités, ont été décidées en avril par les pouvoirs publics. Le Premier ministre, qui avait rencontré les partenaires sociaux avant la fameuse « Conférence nationale sur le plan de relance », avait promis un soutien franc aux entreprises impactées par la Covid-19 une fois l’évaluation des pertes clôturée. La présentation du Plan de relance a permis ensuite de fixer un cap et trois échéances quant à la concrétisation des mesures contenues dans la nouvelle feuille de route économique du gouvernement.
Dans l’esprit de nombreux patrons, les choses sont évidentes. Le gouvernement doit expliciter les mesures contenues dans le plan de relance ainsi que les textes de mise en œuvre. Les choses ne sont pas encore claires et le temps passe vite. Le gouvernement va-t-il réduire les taux d’intérêts appliqués aux crédits aux entreprises ? Se porter garant ? Les mesures financières seront-elles assorties d’obligations ? De quel assouplissement fiscal parle-t-il ? Comment les enveloppes budgétaires vont-elles se transformer en aides à l’économie… Autant de questions qui attendent des réponses et des précisions quant à la manière dont le gouvernement compte s’y prendre. Quoi qu’il en soit, l’urgence est là et le besoin d’accélérer la cadence de la mise en œuvre du Plan de relance se fait de plus en plus sentir, notamment chez les opérateurs économiques. La souveraineté économique, désormais sur toutes les lèvres, passe par l’amélioration de l’offre domestique en produits et services et donc par des entreprises performantes. C’est donc clair, la relance ne peut se faire que par les entreprises et l’investissement. L’amélioration de l’offre domestique permettra de réduire la facture d’importation et, par ricochet, le déficit commercial et de la balance des paiements, mais aussi de dégager des excédents à l’exportation qui permettront de diversifier les sources en devises. n