L’Office national des aliments du bétail (ONAB) a annoncé, hier, dans un communiqué, la mise en œuvre des instructions du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, portant sur le plafonnement des prix du poulet suite à la hausse des prix injustifiée de ces derniers mois. L’établissement public a précisé dans sa note qu’il a été décidé ainsi de fixer les prix du poulet à 350 dinars le kilogramme.
Par Hakim Ould Mohamed
«En application des instructions du ministère de l’Agriculture et Du développement rural, et compte tenu des prix élevés du poulet sur les marchés nationaux, le complexe ONAB a décidé de plafonner les prix du poulet à 350 dinars/kg, et ce, au niveau de tous les points de vente et de ses succursales répartis au niveau national», peut-on lire dans le communiqué de l’ONAB.
La décision de plafonner les prix des viandes blanches a été annoncée, fin novembre 2022, par le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni. Cette mesure devrait aider, selon lui, à préserver le pouvoir d’achat des citoyens, balayant alors d’un revers de la main les thèses selon lesquelles la hausse de l’aliment de bétail justifierait l’envolée actuelle des prix des produits agricoles frais. Il avait annoncé à la même occasion que d’autres mesures allaient être prises aux fins de stabiliser les prix des œufs et des viandes rouges. L’idée de plafonner les prix de certaines denrées alimentaires vise à réduire l’impact de la hausse des prix de certains produits agricoles frais sur le pouvoir d’achat des petites et moyennes bourses, ainsi que l’impact sur l’Indice des prix et, plus globalement, sur l’inflation qui n’a cessé de grimper ces derniers mois pour flirter dangereusement avec les deux chiffres.
Preuve en est que, dans son dernier bulletin statistique, l’ONS met en évidence qu’au mois de décembre dernier, et par rapport au même mois de l’année 2021, des hausses de prix importantes ont été relevées, concernant, essentiellement, les produits agricoles frais (+17,4%), avec des variations sensibles pour la viande et abats de mouton (+39,7%) ainsi que pour les fruits (+28,1%). En variation annuelle, l’Office national des statistiques fait constater qu’en 2022, et par rapport à 2021, une tendance à la hausse marque l’ensemble des catégories de produits, en inscrivant une variation de +10,1% en 2021 à +13,4% en 2022 pour les biens alimentaires, viandes blanches et rouges comprises.
Les aviculteurs avaient justifié cette envolée par la hausse des aliments du bétail, conséquemment à l’augmentation des intrants sur les marchés mondiaux, laquelle approche a été rejetée aussitôt par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, promettant une réaction imminente de l’Etat qui étudiait un mécanisme de plafonnement des prix.
Plusieurs mesures pour stabiliser les prix
La mise en œuvre de l’instruction portant plafonnement des prix du poulet vient s’ajouter à d’autres mesures destinées à stabiliser les prix des denrées alimentaires qui entrent dans le calcul de l’Indice des prix et de l’inflation. L’Association des banques et des établissements financiers a diffusée plus tôt cette semaine une note faisant état de la décision du ministère du Commerce et de la promotion des exportations de restreindre l’importation des légumes secs et du riz et de confier cette mission exclusivement à l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC). Le ministre du Commerce et de la promotion des exportations, Kamel Rezig, qui intervenait dans le JT de la télévision nationale, a expliqué que cette décision avait pour objectif de réguler le marché et d’éviter une hausse des prix qui échapperait à l’Etat. «Ces produits stratégiques entrent dans la sécurité alimentaire. Il fallait donc qu’un organisme étatique se charge de l’importation pour protéger le pouvoir d’achat du citoyen», précisant, sur sa lancée, que «s’il y a une perturbation sur le marché, cet organisme, sur décision gouvernementale, va intervenir pour le réguler». Pour étayer ses propos, le ministre a rappelé la flambée des prix de ces produits en 2021 et l’incapacité de l’Etat à intervenir, car ces produits étaient importés alors par les opérateurs privés. Durant la même période, alors que les marchés mondiaux et les chaînes de d’approvisionnement étaient exposés à l’onde de choc du Covid-19, le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait exigé, lors d’un Conseil des ministres, de «confier l’importation du blé à l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) à titre exclusif, et ce, suite à l’enregistrement de dépassements en la matière». Ces décisions, les unes comme les autres, sont destinées à réguler le mode d’approvisionnement des transformateurs et des producteurs, de stabiliser les prix à la production et à la consommation et d’aider, par-dessus tout, à enrayer les pressions inflationnistes qui pèsent sur le pouvoir d’achat des ménages. Ces dispositions sont venues se greffer à d’autres mesures d’ordre salarial prises dans le cadre de la loi de finances 2022 et de 2023. n