Le Fonds monétaire international (FMI) renoue avec les scénarios optimistes dans ses prévisions pour le Produit intérieur brut (PIB) mondial, dont il attend désormais un rebond de 5,5% pour 2021, contre 5,2% il y a trois mois. Cette révision à la hausse se base sur le déploiement accéléré des vaccins contre la Covid-19 dans le monde combiné à des plans de relance massifs, aux Etats-Unis notamment.
Dans ses dernières perspectives de l’économie mondiale, rendues publiques hier, le FMI souligne que « ces développements indiquent un point de départ plus solide pour les perspectives mondiales ». Parmi les éléments donnant matière à espérer une croissance encore meilleure que prévu cette année, la fabrication de vaccins y compris ceux en cours de développement dans les économies émergentes ainsi que leur distribution et l’efficacité des thérapies.
Cela signifierait une fin de pandémie plus rapide, renforçant la confiance des entreprises et des ménages. Une hypothèse qui entraînerait une reprise plus forte de la consommation, de l’investissement et de l’emploi, les entreprises embauchant et augmentant leur capacité en prévision d’une demande croissante. Le FMI précise néanmoins que ces prévisions optimistes reposent sur « une large disponibilité » des vaccins dans les économies avancées et certains pays émergents à l’été 2021 ainsi que dans la plupart des pays d’ici la seconde moitié de 2022, soit un calendrier accéléré par rapport aux attentes d’octobre.
La croissance du PIB prévue par le Fonds n’échappera pas, cependant, aux disparités, et privilégiera des économies sur d’autres, poursuit l’institution de Bretton woods.
Dans cette logique, les Etats-Unis, première puissance économique mondiale, devraient enregistrer une croissance de leur Produit intérieur brut de 5,1% (+2 points) dopé par le dernier plan de soutien économique de 900 milliards de dollars adopté fin décembre par le Congrès. Il s’agirait alors de la plus forte croissance annuelle depuis 1984.
Il faudra aussi compter avec l’impact potentiel du gigantesque plan de sauvetage de 1 900 milliards dévoilé début janvier par le nouveau président démocrate Joe Biden, qui doit être prochainement discuté au Congrès, avant un programme d’investissements plus tard dans l’année. La Chine, deuxième puissance mondiale, enregistrera, elle, une croissance de 8,1%, à peine moins que les 8,2% projetés il y a trois mois, indique le même rapport. En zone euro, la résurgence de la pandémie de la Covid-19 et les mesures de confinement qui en résultent ont affaibli l’activité. L’institution de Washington n’attend plus qu’un PIB à 4,2% (-1 point). L’Allemagne devrait enregistrer une croissance de 3,5% (-0,7 point), la France +5,5% (-0,5 point), l’Italie +3% (-2,2 points) et l’Espagne +5,9% (-1,3 point). Dans le même continent, le Royaume-Uni, frappé par le variant du nouveau coronavirus, voit sa prévision également abaissée à 4,5% (-1,4 point).
La prévision mondiale est certes meilleure qu’attendue à l’automne mais elle ne doit pas masquer « l’incertitude extraordinaire » pour l’économie, a en outre mis en garde le FMI, expliquant que ce sont les pays qui garderont le cap en matière de soutien budgétaire qui retrouveront le plus vite leur vigueur économique, note-t-il.
En zone euro et au Royaume-Uni, il faudra attendre jusqu’en 2022 pour que le niveau d’activité revienne à ses niveaux de fin 2019, avant l’éclosion de la pandémie. Les Etats-Unis et le Japon devraient, quant à eux, retrouver leur niveau d’avant-crise dès le second semestre 2021.
A l’inverse, si le virus et ses variantes venaient à maintenir leur avancée actuelle, la croissance du PIB dans le monde en pâtirait systématiquement et serait inférieur aux 5,5% mentionnée dans le rapport, précise le FMI.
De plus, des retards dans le déploiement des vaccins ne sont pas exclus, de même qu’une immunité de plus courte durée que prévu, poursuit la même source, non sans envisager des troubles sociaux potentiels en raison d’une inégalité accrue et d’un accès inégal aux vaccins et aux thérapies.
Pour 2022, le Fonds a laissé inchangée sa prévision à 4,2%. En revanche, il estime que la contraction du PIB enregistrée l’an passé a finalement été moindre quoique toujours historique, -3,5%, loin cependant des 5,2% estimés en juin 2020 avant que les pays européens et les Etats-Unis n’enregistrent un rebond d’activité marqué au troisième trimestre.<