Par Sihem Bounabi
Le président du Syndicat national des pharmaciens d’officine, Dr Messaoud Belambri, a confirmé, hier, l’élaboration d’un décret définissant les conditions de recrutement de pharmacien-assistant et ses conditions de travail en pharmacie, telles qu’annoncées par le ministre de la Santé Abderrahmane Benbouzid, jeudi dernier, à l’Assemblée populaire nationale (APN).
Le président du Snapo a déclaré à ce sujet qu’«effectivement, une commission composée du Snapo, de l’Ordre des pharmaciens et de la Direction générale de la pharmacie et des équipements de santé se réunit de façon périodique pour préparer le texte d’application des pharmaciens-assistants conformément à la loi de la santé 18/11 promulguée en juillet 2018». Commentant qu’«après des années, ce n’est que maintenant que l’on est en train de préparer ce projet de texte réglementaire qui va définir dans quelles conditions seront recrutés les pharmaciens-assistants». Dr Messaoud Belambri ajoute qu’il y a aussi un programme pour la formation d’un personnel du niveau paramédical au niveau des officines qui sont les aides préparateurs. Ce programme est en train de se faire, en coordination avec le Snapo, la Direction de formation du ministère de la Santé et la Direction générale de la pharmacie et des équipements de santé. Il souligne à ce sujet que «c’est un projet finalisé, il reste juste les dernières retouches et va être libéré dans les tout prochains jours». Pour rappel, jeudi dernier, répondant à une question du sénateur Saad Arrous, sur le recrutement des pharmaciens-assistants, lors d’une plénière, le ministre de la Santé a déclaré que «ce projet de texte sera soumis au Secrétariat général du Gouvernement pour examen dans le but de mettre fin au recours à des vendeurs pour fournir des services sanitaires au niveau des pharmacies». Il a ajouté que «la promulgation de ce texte permettra aux propriétaires de pharmacie de faire appel à un pharmacien pour effectuer ces tâches en vertu d’un contrat de travail au lieu de recourir à des vendeurs non diplômés pour éviter une mauvaise orientation du patient». Le ministre de la Santé a également commenté que la profession de pharmacien-assistant ne devrait pas être exercée par «des personnes non diplômées comme stipulé par la loi de la santé, qui prévoit que seul un titulaire d’un diplôme de pharmacie est en mesure d’assister le propriétaire de la pharmacie dans ses missions». Estimant dans ce sillage que «le rôle du pharmacien est aussi important que celui du médecin, car c’est le premier responsable du bon usage des médicaments et son travail ne se limite pas qu’à la vente des médicaments prescrits».
Toutefois, concernant la concrétisation d’un recrutement massif de pharmaciens-assistants, le président du Snapo estime que cela est liée à l’amélioration de la situation économique des pharmaciens d’officine. Il déclare à ce propos que l’«on veut améliorer le service, on veut bien recruter des pharmaciens-assistants au niveau des officines, mais il faut avoir les moyens de sa politique et que les pharmaciens puissent avoir les moyens économiques d’assurer un pareil recrutement». Enchaînant que «l’Etat ne peut pas recruter à cause de difficultés budgétaires et c’est la même chose pour les pharmaciens. «On ne peut pas demander à une pharmacie de recruter un personnel de niveau avec un salaire honorable, alors que cette officine vit des difficultés économiques et n’arrive pas à atteindre un seuil de rentabilité.»

400 à 500 officines créées chaque année
Par ailleurs, la problématique de l’ouverture de nouvelles pharmacies est également revenue sur le devant de la scène, lorsque le même sénateur a interpellé le ministre de la Santé sur le blocage de la délivrance des agréments pour l’installation de nouveaux pharmaciens d’officine.
Le président du Snapo dément le concept du blocage de l’installation de nouveaux pharmaciens en affirmant : «Nous sommes en train de contribuer à la création annuelle de 400 à 500 officines». Enchaînant que «les agréments ne sont pas bloqués, l’ouverture en moyenne de plus de 400 pharmacies par an sont des chiffres officiels qui peuvent être vérifiés au niveau du ministère de la Santé car c’est lui qui délivre les agréments».
Toutefois, le président du Snapo tient à mettre en lumière que «la situation de l’officine n’est pas du tout agréable sur le plan économique et les pharmaciens sont en train de souffrir». Il précise à ce sujet que «face à la baisse continue de la marge bénéficiaire, depuis 1998, nous sommes avec le même système de marge, pourtant nos charges et nos frais de fonctionnement sont en constante augmentation», estimant que cette situation est injuste compte tenu de «tous les sacrifices que nous avons consenti en tant que pharmaciens en matière d’encouragements de la production nationale, de médicaments génériques, d’application de tarifs de référence». Il insiste sur le fait que «les pharmaciens se retrouvent dans une situation très fragilisée et il n’y a aucune amélioration sur le plan économique au niveau des officines, bien au contraire, les revenus sont en constante baisse. Pour preuve, je rappelle qu’en 2021, officiellement 172 officines ont fermé et déposer le bilan».
Messaoud Belambri explique la faillite de ces pharmacies qui ont dû baisser rideau par le fait que «l’on a dépassé les limites de la saturation. C’est donc un paramètre qui aggrave la situation économique de l’officine», se désolant qu’«aucune amélioration sur le plan économique ni aucune mesure n’ont été prises depuis 1998 à ce jour pour améliorer la marge bénéficiaire, alors que le prix du médicament a chuté. De ce fait, les pharmaciens sont dans une situation très critique et fragilisée. Il y a une baisse de rentabilité terrible et pour preuve le nombre de fermetures de pharmacie. C’est pratiquement une pharmacie qui baisse définitivement le rideau tous les deux jours».