2020 devrait être une année où l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, désignés sous le nom d’Opep+, devraient revoir leur action commencée en 2016 après l’accord historique de l’Opep à Alger, en septembre cette année-là et qui a incité peu après les pays non membres à serrer les vannes pour un meilleur équilibre du marché. L’Opep+ devrait mettre progressivement fin à la baisse de sa production, c’est du moins ce qu’a déclaré, hier vendredi à Moscou, le ministre russe de l’Energie Alexandre Novak.

«En ce qui concerne les baisses de production, je le répète, ce n’est pas un processus sans fin. Une décision sur la sortie devra être prise progressivement pour conserver notre part de marché et afin que nos entreprises puissent être en mesure de mettre en œuvre leurs projets», a dit le ministre sur l’antenne de Rossiya 24 TV. «Je pense que nous examinerons cela cette année (2020)», a-t-il ajouté.
La prochaine réunion de l’Opep+ étant prévue le 6 mars prochain, la déclaration d’Alexandre Novak servirait soit de fil conducteur soit d’élément de désaccord dans ce qui pourrait se passer dans moins de trois mois en termes de contacts et de discussions entre les pays concernés. Cette réunion sera intéressante à suivre dans la mesure où la déclaration du ministre russe de l’Energie ne semble pas en adéquation avec l’annonce de la décision par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses alliés, début décembre, de réduire encore plus leur production afin de soutenir les cours.
Depuis 2017 et dans le but de soutenir les cours du brut, l’Opep+ limite sa production pour réduire les excédents sur le marché du pétrole dus à l’essor de la production aux Etats-Unis, premier producteur mondial, qui ne participent pas aux mesures d’encadrement. Les membres de l’Opep+ se sont mis d’accord début décembre sur une nouvelle baisse de production de 500 000 barils par jour, portant la baisse entamée en 2017 à 1,7 million de bpj, soit 1,7% de l’offre mondiale.
La fin de cette séquence voudrait dire que les pays producteurs engagés depuis plus de quatre ans dans l’effort d’équilibrage du marché, outre l’impératif de leurs politiques d’investissement et de marché propres, ont une approche optimiste des perspectives à venir. C’est ce qu’on a tendance à croire au regard de l’évolution des prix, jeudi dernier après la trêve des fêtes de Noël.
Les cours du brut ont, en effet, atteint leur plus haut niveau depuis mi-septembre, soutenus par le recul des réserves de brut aux Etats-Unis, selon un rapport américain. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février s’est établi à 67,92 dollars à Londres, en hausse de 1,07% ou 72 cents par rapport à la clôture de mardi. A New York, le baril américain de WTIWTI le West Texas Intermediate (WTI), aussi appelé Texas Light Sweet, a, pour la même échéance, gagné 0,93% ou 57 cents, à 61,68 dollars.
Depuis les attaques à la mi-septembre contre deux sites en Arabie saoudite, qui avaient fait flamber les prix, le pétrole n’avait plus atteint de tels niveaux. En septembre 2019, en effet, le prix du baril de pétrole brut de la mer du Nord (Brent) en euros s’était redressé (+7,6 % après -6,9 %), à 57,1 € en moyenne par baril. La hausse avait été moins marquée en dollars (+6,4 % après -7,6%), l’euro s’étant de nouveau déprécié au mois de septembre. Et c’est aussi nettement mieux que l’année dernière puisqu’à décembre 2018, le prix du baril de pétrole brut de la mer du Nord (Brent) en euros avait chuté (−12,0 % après -19,3 %), à 50,1 € en moyenne par baril. La baisse avait été quasiment de même ampleur en dollars (−12,3 % après -20,1%).

En attendant les chiffres finaux des stocks américains
La hausse des cours, la semaine dernière, a été portée par les données de la Fédération professionnelle American Petroleum Institute (API), qui a fait état d’une baisse des stocks de brut américain de près de 8 millions de barils. Pour Phil Flynn de Price Futures Group, un expert repris par les agences de presse, ce chiffre «reflète la demande croissante en pétrole dans le monde. Avec des stocks à des niveaux record et une trêve commerciale imminente, les perspectives pour la demande mondiale en pétrole vont continuer de monter». Les acteurs du marché attendaient hier les chiffres de l’Agence américaine d’information sur l’Energie (EIA), dont la publication a été décalée à vendredi au lieu de mercredi, en raison de Noël. Ces chiffres, affirment les observateurs, sont considérés comme plus fiables que ceux de l’API. Selon la médiane d’un consensus établi par l’agence Bloomberg, les analystes s’attendent à une baisse des stocks de brut de 1,5 million de barils, à une hausse de 1,6 million barils pour ceux d’essence et à une augmentation de 600 000 pour les autres produits distillés (fioul de chauffage et gazole), pour la semaine achevée le 20 décembre.
Outre les stocks américains, les cours du Brut ont profité ces dernières semaines de la confirmation par la Chine et les Etats-Unis d’un accord commercial préliminaire, qui pourrait être signé dès le mois de janvier. Le bras de fer que se livrent les deux premières économies mondiales depuis près de deux ans à coups de droits de douane supplémentaires réciproques a pesé sur la demande mondiale et donc sur les prix pétroliers. n