La Cinémathèque algérienne a accueilli, samedi dernier, une rencontre animée par le producteur et réalisateur Mounes Khemmar au profit d’étudiants en audiovisuel de différents instituts, intitulée «Perspectives du cinéma algérien», organisée en partenariat avec l’Agence algérienne pour le rayonnement de la culture (Aarc).

La rencontre s’est distinguée par sa grande qualité, tant par le choix des projections que par la richesse des informations « pratiques » partagées lors du débat qui a suivi. En effet, Mounes Khammar est revenu durant plus d’une heure et demie sur son parcours de plus de dix-huit ans d’expérience depuis ses débuts en tant que stagiaire, en passant par ses premiers pas de producteur dès le tournant des années 2000 jusqu’à ses récentes productions.
Le réalisateur et producteur, tout en répondant aux questions des étudiants, apportera également de nombreux conseils à la cinquantaine de jeunes présents qui ont notamment fait le déplacement des écoles d’Alger, de l’ISMAS, mais aussi de l’intérieur du pays. La rencontre organisée sous la thématique des «perspectives de la production cinématographique» va volontairement au-delà des problématiques nombreuses que connaît le secteur du cinéma. L’invité de l’Aarc, connu du grand public pour avoir créé la maison de production «Saphina », ou encore pour la réalisation en 2013 de l’excellent court métrage, «Ayyam », rendant hommage à Warda Al Jazaïria, et plus récemment du film court « le Dernier Passager ».
Mounes Khammar nous déclare que l’objectif de la rencontre était pour lui de « partager » et « d’apporter de la nuance » et surtout de donner une image plus juste de la réalité des métiers du cinéma, invitant en substance les « futurs professionnels » à développer leurs capacités, à s’adapter aux réalités d’un secteur difficile mais néanmoins prometteur.
Mais sans faire abstraction des obstacles et contraintes que rencontrent aujourd’hui et que rencontreront demain les professionnels du cinéma. « Si nous parlons de perspectives, c’est avant tout du fait que nous nous adressons à des étudiants (…) il est vrai que la situation actuelle est certainement difficile, mais il faut aussi relativiser. Travailler dans le secteur du cinéma est difficile partout dans le monde. » Mounes Khammar précisera en effet que le développement du cinéma en Algérie pouvait profiter de nombreux atouts : « je n’aime pas tomber dans le pessimisme ni dans l’optimisme aveugle (…) nous devons voir la situation telle qu’elle est et qu’il est clair que nous avons des atouts avec lesquels nous devons jouer». Il prendra notamment pour exemple la diversité culturelle et la richesse de l’histoire algérienne, deux aspects qui intéressent les producteurs et distributeurs internationaux. « Mon expérience auprès des festivals ou rencontres de niveau international m’a appris que l’Algérie est un pays qui intéresse énormément (…) Les images venant d’Algérie sont encore rares et de ce fait très demandées. Cela est un atout majeur pour un cinéaste qui débute.»
Abordant également les différents rôles des producteurs, producteurs associés ou encore des réalisateurs et techniciens… Mounes Khammar explique certains mécanismes permettant et facilitant la participation aux marchés des plus grands festivals internationaux en mettant en exergue le fait qu’«il faut vous rendre compte que le Festival de Cannes et son marché du cinéma ne sont qu’à 40 minutes de vol d’Alger et cela est une incroyable chance que nous avons».
Le débat de samedi dernier fut aussi l’occasion de partager un message plein de pertinences, en invitant notamment les étudiants à « élargir leur champ de vision » à comprendre notamment que les métiers du cinéma ne se limitaient pas à la réalisation. «Réalisateur n’est qu’un des métiers du cinéma et franchement ce n’est peut-être pas le meilleur (…) l’objectif doit être excellent dans n’importe quelle branche que l’on choisie»
En marge de la rencontre, Mounes Khammar nous déclare que «s’il y a une chose que ces dix-huit ans d’expérience m’ont appris, c’est bien de tuer le mythe ». Ajoutant que «le cinéma fait rêver, cela est sa mission. Mais un professionnel doit parfois mettre le rêve de côté pour ne se concentrer que sur l’objectif et les méthodes permettant d’y arriver».