Par Hakim Ould Mohamed
Par rapport à 2021, le Produit intérieur brut (PIB) de l’Algérie devrait ralentir à 3,7% en 2022 et à 2,6% en 2023, alors que l’an dernier la croissance était plus soutenue avec, au tableau, une progression de 4%. La croissance reste soutenue essentiellement par la demande extérieure, principalement de pétrole, et sa production qui a augmenté en 2021 et 2022. La hausse des revenus pétroliers a partiellement compensé l’augmentation des dépenses en capital, lit-on dans les Perspectives de l’économie africaine pour 2022, publiées par la Banque africaine de développement. Cette conjoncture plutôt favorable qui a caractérisé les marchés de l’énergie, sous l’effet de la crise en Ukraine, a conduit à une réduction du déficit budgétaire de l’Algérie de 4,8%. L’inflation a, néanmoins, continué de progresser en 2021, à 7,0 %, en raison de la tension sur l’offre et les prix sur les marchés mondiaux. Elle devrait croitre davantage cette année, selon l’institution financières africaine, étant donné la hausse des prix qui persiste. La BAD fait constater également dans le même rapport une hausse exponentielle ces dernières années de la dette publique interne, laquelle a atteint l’équivalent de 59,2% du PIB en 2021. L’autre bonne nouvelle vient de l’évolution du solde du compte courant, dont le déficit s’est amélioré de 5,1%, reflétant la hausse des volumes et de la valeur des exportations de pétrole. «L’augmentation des exportations et le paiement du FMI de 2,67 milliards de dollars en 2021, dans le cadre de l’allocation de DTS, a ralenti la baisse des réserves de change.» Au chapitre social, la BAD a indiqué que le taux de chômage en Algérie était estimé à 11% en 2021, avec une hausse assez marquée chez deux catégories : les jeunes (26,4 %) et les femmes (19,5 %). Les perspectives pour 2022 traduisent encore l’impact de la hausse des prix sur pétrole sur les finances publiques et les comptes extérieurs, même si la croissance ne progresserait que faiblement par rapport au précédent exercice. Cependant, les soldes budgétaire et courant poursuivront la tendance en faveur de l’amélioration (–0,9 % et 0,2 % du PIB en 2022 respectivement).

Dynamiser les secteurs à fort potentiel d’exportation
«Les nettes améliorations tant des finances publiques que du solde du compte courant sont dues à l’impact du conflit russo-ukrainien sur les exportations d’hydrocarbures de l’Algérie», explique la BAD. Néanmoins, soutient l’Institution, «cette forte dépendance vis-à-vis des prix du pétrole souligne la nécessité d’accélérer la diversification, notamment en faveur des secteurs à fort potentiel d’exportation». Les principaux risques qui pèsent sur l’économie algérienne en 2022 sont une aggravation de la crise sanitaire et une détérioration des conditions de commerce mondial. Quant aux risques liés aux changements climatiques, le pays fait face à l’érosion des sols, la désertification, les pénuries d’eau et les cycles de sécheresse, exacerbée par le changement climatique, souligne la BAD. Au plan purement énergétique, l’Algérie se classe au 10e rang mondial sur la liste des producteurs de gaz naturel, avec 2,2 % de la production mondiale. «Son potentiel d’exportation est énorme, avec de nouveaux projets gaziers dans le sud-ouest, s’ajoutent à ceux de la région d’Illizi au sud-est. Cependant, ce potentiel d’exportation est pénalisé par une demande intérieure accrue et des investissements insuffisants», lit-on dans le rapport de la BAD. Les enjeux qui s’offrent au pays au plan énergétique consistent, entre autres, à réduire la dépendance du pays au gaz naturel dans la production d’électricité. Il s’agit aussi d’accélérer dans les énergies renouvelables si le pays veut atteindre ses objectifs climatiques, conclut la BAD. Pour ainsi dire, après les deux années de crise sanitaire, la reprise post-pandémique tarde à avoir lieux, en témoignent les projections sur un éventuel repli du PIB de l’Algérie. Fort heureusement, les cours du pétrole ont augmenté depuis le début de l’année dernière, permettant à l’Algérie de limiter la casse de la crise sanitaire. Les finances publiques respirent et les déficits budgétaire et courant s’améliorent. Cependant, le défi des réformes et des ajustements budgétaires reste entier. n