Une fragilisation de la Libye actuelle pourrait bien avoir des conséquences directes sur toute la région. La position géographique de ce pays fait en sorte qu’une intervention d’un ou plusieurs acteurs ne saurait se limiter aux frontières de ce pays. La Libye, vaste territoire d’Afrique du Nord, déstabilisée par une intervention de l’Otan, est aujourd’hui un Etat failli. De nouveaux acteurs veulent avoir un rôle dans le conflit pour des considérations géopolitiques et énergétiques évidentes. Pays du Maghreb, la Libye risque bien d’éclater en morceaux et provoquer une situation nouvelle dans une zone géographique qui a été relativement épargnée par les stratégies de manipulation de puissances en cours de façon cyclique au Moyen-Orient. Les velléités d’intervention de la Turquie pourraient manifestement ouvrir la porte à une réaction du camp adverse, celui qui soutient le maréchal Haftar. La Libye basculerait alors dans l’abîme en devenant un théâtre de destruction, résultat des luttes entre puissances. Avec les conséquences inévitables sur les voisins. L’Algérie, qui s’est toujours tenu à équidistance de ce conflit tout en appelant « les frères libyens à trouver un accord » pour l’intérêt de l’unité du pays, pourrait se voir déborder. L’Algérie, plus grand pays d’Afrique, ne peut faire l’économie d’un rôle majeur sur un dossier qui engage directement ses frontières. Ainsi n’est-il pas venu le temps de revoir la doctrine selon laquelle l’Algérie n’intervient pas en dehors de ses frontières. A l’ère des guerres préventives et des influences, il devient impératif de moduler ses positions stratégiques avec les évolutions des équilibres mondiaux et régionaux. La sécurité d’un pays pourrait bien se jouer loin de ses propres frontières. Il faudrait le rappeler encore et toujours, la Libye a été irrémédiablement déstabilisée par des puissances étrangères. Et les interventions étrangères actuelles ou futures ne feront qu’aggraver un conflit qui pourrait tout emporter sur son passage.