Par : Nadir Kadi
L’ouvrage le « Pain blanc » est écrit par le journaliste Farid Mellal, un des « anciens » collègues de la rédaction de Reporters. Publié aux éditions Baghdadi, il est aujourd’hui disponible en librairie. Le texte, qui a mis un certain temps à mûrir, nous avait précisé l’auteur à de nombreuses occasions, devrait également être présenté au public « très prochainement », espère-t-il. Une vente-dédicaces et une rencontre avec l’auteur seraient envisagées, dans l’attente d’une éventuelle participation à un prochain Salon du livre d’Alger.
Quant à l’histoire que partage Farid Mellal dans ce premier roman, il s’agit d’un récit, relativement court, écrit à la première personne et qui plonge le lecteur dans les réflexions d’un personnage que l’on découvre rapidement être un jeune garçon de café. Ce dernier nouvel employé à mi-temps d’un café maure, où il prend son service « après plusieurs boulots » et « une vie au jour le jour » reste, au départ, pour le moins énigmatique sur ses aspirations réelles… Le personnage nous décrit, en effet, et avec détails, son quotidien, son envie récurrente de « tout quitter » de nouveau, de changer de vie et, pourquoi pas, « d’immigrer un jour ». Puis son regard s’élargit et s’attarde de plus en plus sur son nouvel « écosystème », les clients, leurs habitudes, la façon de leur parler, ou plutôt de « les laisser parler ». Mais toute cette histoire masque surtout une « colère », un sentiment profond que le narrateur « souhaiterait oublier », mais qui évoque par petites touches dès que la mécanique de l’histoire commence.
En ce sens, le Pain blanc évoque surtout le « pain noir » des mauvais jours, que traverse le personnage principal, dont nous ne connaîtrons pas le nom. Mais ce dernier, toujours perdu dans ses pensées, son indécision presque maladive qui lui fait oublier les véritables problèmes de son quotidien, est en fait plus en colère contre lui-même, sans jamais pouvoir le dire en face. Ainsi, c’est presque à la fin de l’ouvrage que l’on comprend le pourquoi du texte, ce qui motive réellement le personnage principal, que l’on peut imaginer « jeune », presque vingt ans, de paradoxalement plus plonger dans ses souvenirs d’enfance que dans son avenir. En ce sens, sans être financièrement riche, mais sans être pauvre, puisqu’il ne dépense presque rien du salaire que lui donne le propriétaire du café, Ami Mokani, ami de son défunt père… Le personnage attend que ce produit l’étincelle qui lui donnera son objectif de vie, son « évasion ». Et celle-ci intervient dans les dernières pages ; le jeune garçon de café, sans écouter, pour une fois, les conseils de ses proches qui le « pressent » à se convertir dans un « métier d’avenir », découvre finalement que la place derrière le comptoir d’un café d’un village, ou d’une petite ville – l’auteur ne le dit pas- n’est finalement pas si mal, que le quotidien en fin de compte lui est plutôt agréable. Et c’est là que se situe sûrement le sens de l’ouvrage du journaliste Farid Mellal : l’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs.