Comme il fallait s’y attendre, le faible taux de participation enregistré par le référendum sur la révision constitutionnelle a été mis en exergue par certains partis qui s’étaient opposés au contenu du nouveau texte en appelant à voter «non».
A commencer par le Mouvement pour la société et la paix (MSP), qui s’est exprimé hier, sur les résultats du scrutin qui s’est déroulé la veille en considérant que «le faible taux de participation et le taux de rejet sous diverses formes d’expression dénuent le référendum de sa crédibilité et de sa légitimité politique et populaire, malgré les énormes capacités officielles qui ont été consacrées à son adoption». Pour le MSP, qui a réagi à travers un communiqué publié sur sa page Facebook, «ce rejet est exprimé par un front très large, avec ses diverses expressions et positions». D’où l’appel lancé à ce même front par la formation de Abderezak Makri pour «travailler ensemble pour un changement politique pacifique efficace». Et d’ajouter que «le résultat du référendum a été l’échec des projets de l’autorité au pouvoir et son incapacité à parvenir à un consensus national sur la Constitution telle qu’elle a été annoncée, d’une manière qui protégerait le pays des risques réels qui le menacent».
Dans le même ordre d’idées, le MSP «appelle chacun à lire correctement les résultats annoncés et leurs effets sur la stabilité du pays, à réfléchir à la gravité de la situation, à s’efforcer de renforcer la confiance, d’incarner la volonté populaire réelle et de parvenir à une véritable transition démocratique grâce à un consensus national inclusif qui épargne le pays des dangers, protège l’unité nationale et garantit la stabilité, le développement et la prospérité», lit-on encore sur le communiqué.
Le chef du Front de la justice et du développement (FJD), Abdallah Djaballah, a, lui aussi, remis en cause la crédibilité de ce vote. Dans une vidéo publiée sur sa page Facebook, il souligne qu’environ 87% des Algériens ont rejeté le projet d’amendement à la Constitution, que ce soit en votant «non» ou en «boycottant». Ce qui le pousse à réitérer ses critiques à l’égard du projet de révision de la Constitution qu’il voit comme «une menace pour le présent et l’avenir du pays». Après avoir fait campagne pour le vote «non» à ce projet, Djaballah exploite les chiffres des urnes pour appeler carrément l’ANIE à annuler le référendum, et ce, «en raison du rejet de plus des trois-quarts de la population», a-t-il insisté dans son post.
Autre parti de l’opposition à réagir aux résultats du référendum du 1er novembre, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Dans un communiqué rendu public hier, après la communication par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) des résultats du vote, cette formation estime que «le taux de participation annoncé, bien que largement gonflé, pour le référendum du 1er novembre constitue en lui-même un désaveu populaire de la démarche de légitimation apostériori du holdup électoral opéré le 12 décembre 2019».
Le RCD va plus loin dans sa contestation des chiffres et estime que la participation réelle à cette consultation est vraisemblablement à «un chiffre». Pour justifier son estimation, le parti se base sur «la désaffection générale constatée par tous les observateurs» et les «informations remontées par les militants politiques sur le terrain». «Y a-t-il meilleure leçon de maturité politique et de responsabilité que cette fin de non-recevoir pacifique et cinglante conçue dans les entrailles du génie de notre peuple, loin de toutes les officines ?», s’interroge alors la même formation politique d’opposition. «Assurément, non», répond-elle, avant d’ajouter que «promulguer une Constitution rejetée, c’est ouvrir la voie au désordre, porteur de tous les périls. Selon le RCD, «un autre choix existe». Celui-ci «consiste à réunir sans délai les conditions pour l’expression du peuple souverain», prône-t-il.
Abondant dans le même sens, la présidente du parti Union pour le changement et le progrès (UCP), Zoubida Assoul, appelle également à l’annulation du scrutin de dimanche. Après s’être distinguée par ses critiques du projet de révision de la Constitution, l’avocate est revenue à la charge hier sur sa page Facebook. «Près de 80% du corps électoral ont boycotté le référendum selon les premiers résultats. La Constitution étant un pacte social entre le citoyen et l’Etat, le Conseil constitutionnel doit annuler ce référendum», a-t-elle écrit.
Le vote de dimanche a enregistré une participation de 23,7%, selon le président de l’ANIE, Mohamed Charfi. Le nombre des votants s’élève à 5 636 172, dont 45 071 inscrits résidents à l’étranger, sur un total d’électeurs de 24 475 310. Les voix exprimées lors de ce référendum s’élèvent à 5 023 385, a précisé M. Charfi, soulignant que le nombre de votants par «Oui» est de 3 355 518, tandis que celui des votants par «Non» est de 1 676 867 (33,20 %). n