La première réunion du Bureau politique du Parti des travailleurs (PT), sous la présidence de Louisa Hanoune, à peine sortie de prison après une détention de 9 mois, a donné le ton sur le combat qu’il compte mener à l’avenir. Le PT n’a pas ménagé les autorités. « Le peuple algérien n’est pas dupe. Le régime est toujours là, avec ses institutions illégitimes, produit de la fraude, du népotisme et de l’argent sale », a écrit le PT dans une déclaration sanctionnant les travaux de la réunion tenue lundi. Pire que ça, le parti dit ne pas croire au « changement » qui est revendiqué en haut lieu car, a-t-il estimé, « le régime qui s’est imposé par la force, contre la volonté du peuple mobilisé pacifiquement durant une année, ne peut pas être source de changement » et « ne peut rompre avec les pratiques du passé tout en les utilisant pour se maintenir ». C’est dire qu’à peine libérée, la patronne du PT reprend la fermeté de son verbe, retrouve ses positions traditionnelles et ne fait aucune concession.
Commentant le slogan de « nouvelle Algérie » qui renvoie à la feuille de route du Président Abdelmadjid Tebboune, le Parti des travailleurs se pose des questions. « Vers quel avenir va nous mener la nouvelle Algérie? » lorsque les hydrocarbures « sont bradés », se demande-t-il. Plus encore, le PT s’interroge « vers quels horizons va-t-on mener l’économie du pays ?» lorsque la loi de finances pour l’année 2020 institue le retour au financement extérieur des investissements publics, abroge la règle des 51/49.
Du point de vue du parti de Mme Hanoune, ces horizons « sont déjà sombres » pour des dizaines de milliers de travailleurs d’entreprises privées ou publiques, comme ceux
« mis au chômage technique », à l’image de l’Eniem, ou de l’électronique Enie, et d’autres qui se trouvent « sans salaires depuis plusieurs mois » comme dans l’entreprise Tonic Emballage, alors que d’autres « sont licenciés » par les entreprises privées.
Le PT ne croit donc pas à la nouvelle république qui « n’a amorcé aucun changement ». Même sur le plan de la lutte contre la corruption, le parti de Louisa Hanoune estime qu’elle ne peut être réduite au jugement de quelques symboles. « La corruption, la rapine, le pillage des ressources et des deniers publiques ne sont pas
le simple fait de ces quelques personnes, c’est le fait d’un système qui a institutionnalisé toutes ces pratiques et les a érigées en modèles politiques et économiques », assène le BP du parti.
Pour une Assemblée constituante
Au volet des libertés, le PT trace un tableau noir aussi, dont « le musèlement de la presse publique et privée, l’instrumentalisation de la justice, la fermeture du champ politique, les attaques contre les partis et le multipartisme, l’interdiction des activités politiques et des réunions publiques ». Des pratiques, dit-il, qui « dévoilent le véritable visage du régime, le même que celui qu’il prétend combattre ». S’associant aux appels pour la libération sans condition de tous les détenus politiques et d’opinion et plus généralement « pour que cesse toutes les politiques et pratiques liberticides qui frappent toutes celles et tous ceux qui ont un point de vue différent de celui du régime en place », le Parti de travailleurs a exprimé sa solidarité aux enseignants du primaire et exigé la réintégration des grévistes du PNC suspendus.
Pour le PT, la vraie rupture avec l’ancien système « ne peut se faire qu’avec l’exercice par le peuple de sa pleine souveraineté », appelant à « la levée de tous les obstacles devant le libre débat, le libre exercice des libertés d’expression, de réunion et d’organisation ». Pour conclure et devant la crise qui persiste, le PT se dit « convaincu » que le moyen démocratique permettant à toutes et à tous de participer à l’édification de la deuxième République rompant avec le système en place » passe par la « réunion d’une assemblée nationale constituante souveraine. Cette ANC, aura comme tâche principale la rédaction d’une constitution qui prenne en charge toutes les aspirations, revendications et exigences de la révolution ». A cet effet, le parti plaide pour ce qu’il appelle « l’auto-organisation » au sein de la population aboutissant à la désignation ou l’élection de délégués mandatés.<