C’est une accalmie sans précédent de la pandémie de Covid-19 que connaît l’Algérie depuis plusieurs jours.
Une situation fort rassurante que tous les professionnels de la santé appellent à préserver et que même le premier responsable du secteur reconnaît ouvertement malgré sa position de prudence continue.
PAR INES DALI
Lorsque le bilan quotidien, rendant compte de la situation sanitaire relative au nouveau coronavirus, fait état de zéro décès pendant plus d’une semaine et de cas toujours en baisse, jusqu’à se situer à moins de 10 quotidiens pendant plusieurs jours consécutifs, cela reflète on ne peut mieux une situation épidémique confortable qui prévaut en Algérie. Faisant un état des lieux de l’évolution de la situation sanitaire liée au Covid-19, le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, a bien confirmé l’aisance sanitaire actuelle. Il a estimé que la situation était «rassurante et sous contrôle», se basant sur les chiffres qui mettent en évidence la décrue enregistrée du nombre de nouveaux contaminés et celui de zéro décès sur plusieurs jours. Cette situation, fort confortable à préserver absolument, a été relevée par le Pr Benbouzid, car ce n’est pas encore la fin du Covid, toujours en grande circulation à travers le monde malgré la levée des restrictions dans la plupart des pays, y compris en Algérie.
S’exprimant à ce sujet, lors d’une réunion par visioconférence, lundi, avec les directeurs de la santé des wilayas, le ministre de la Santé a mis l’accent sur «la nécessité de maintenir la prudence» face à ce virus dans le contexte d’absence de données scientifiques exactes à propos de son évolution, tant il a prouvé qu’il était capable de faire redémarrer la pandémie au moment où on s’y attend le moins. Pour l’heure, la stabilité de la situation épidémique est donc à préserver au vu des nombreuses ouvertures qu’elle a permis au pays et de la levée des restrictions, dont celles prises notamment au niveau des mosquées après deux années de Covid et qui coïncident avec l’avènement du mois de Ramadan. Par ailleurs, profitant de sa réunion avec les directeurs de santé des wilayas, le ministre est revenu sur la prime exceptionnelle de Covid-19 au profit des personnels du secteur. Il a assuré que «toutes les procédures relatives à cette opération ont été finalisées», et appelé les directeurs de la santé et des établissements hospitaliers, qui n’ont pas encore procédé au versement de ladite prime, à la nécessité de s’acquitter de cette tâche conformément aux délais fixés par le ministère, à savoir jeudi. Tout en réitérant l’hommage à l’ensemble des professionnels du secteur dans leur lutte contre l’épidémie depuis son apparition, il a également souligné la nécessité de «maintenir toutes les mesures préventives liées à cette épidémie pendant le mois de Ramadan». Une recommandation qui gagnerait à être suivie surtout que la vaccination ne risque pas d’avancer durant ce mois. D’ailleurs, bien avant le mois de jeûne, les citoyens avaient cessé de se présenter dans les centres vaccinaux. Devant le faible taux vaccinal, les professionnels recommandent de garder quelques précautions comme le port du masque dans les lieux publics et notamment les transports qui, durant le Ramadan, circulent jusqu’à une heure tardive de la nuit. Pour cela, le premier responsable du secteur a réitéré son appel à continuer à faire preuve de vigilance face à un virus qui continue de susciter des interrogations à travers le monde.
Même si beaucoup voudraient que ce soit la fin de cette pandémie qui n’a que trop duré, la réalité du terrain est là pour prouver que la fin d’une pandémie ne se décrète pas et le fait que plusieurs pays ont levé les restrictions ne signifie pas qu’elle est finie. L’explication des professionnels de la santé et par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la vague actuelle est moins virulente que les précédentes mais les chiffres quotidiens annoncés par beaucoup de pays démontrent qu’elle n’est pas encore finie.
Levée «brutale» des restrictions et mise en garde de l’OMS
En matière de levée de restrictions, il y a lieu de citer l’Allemagne. Un pays qui connaît un nombre de cas élevé mais qui va rendre facultatif, à partir du 1er mai, l’isolement en cas d’infection au Covid-19 avec ou sans symptômes, a annoncé lundi son ministre de la Santé. Il a, toutefois, insisté sur la «forte recommandation de s’isoler au moins cinq jours en cas d’infection» et d’avoir un test négatif pour mettre fin à la quarantaine. Le nombre d’infections en Allemagne reste élevé mais les hôpitaux ne sont pas saturés, la majorité des cas étant relativement bénins, selon les agences de presse, qui ajoutent que l’Europe enregistre des dizaines de milliers de cas par jour malgré la baisse constatée. L’autre exemple est le rétablissement par la Russie, à partir de samedi prochain, de liaisons aériennes avec 52 pays qui avaient été suspendues en raison de la pandémie de Covid-19, après avoir estimé que la situation s’était suffisamment améliorée. De l’autre côté de la planète, il y a Cuba qui n’exige plus aux voyageurs entrant sur l’île de présenter un test PCR ou antigénique négatif au Covid-19, ni une preuve de vaccination, l’épidémie semblant sous contrôle dans le pays, rapporte l’APS.
En Algérie, les activités suspendues au niveau des hôpitaux pendant la période ascendante de l’épidémie ont repris progressivement et le Pr Salah Lellou, chef de service de pneumologie à l’EHU d’Oran, a déclaré à ce propos que le service Covid a fermé ses portes dimanche, estimant que l’amélioration de la situation épidémiologique est due à «la vaccination» et à «l’Omicron qui n’était pas virulent», et que grâce aux formes légères qu’il provoque, il a entraîné une immunité collective naturelle.
L’OMS, devant la levée des restrictions sanitaires à travers de nombreux pays, n’a pas cessé d’alerter que la pandémie de Covid-19 est loin d’être terminée, allant jusqu’à qualifier de «trop brutale» la levée des restrictions. Dans sa projection de cette pandémie, l’OMS prévoit dans «le pire des cas» de nouveaux variants «plus virulents» et «hautement transmissibles» et alerte que face à cette nouvelle donne, la protection des populations – grâce à une précédente vaccination ou une infection – contre les formes sévères de la maladie ou le décès va se réduire rapidement». L’OMS rappelle également les inégalités en matière de vaccination et appelle à plus d’équité vaccinale.
Record de 20.000 contaminations au Covid-19 en Chine
La Chine a annoncé hier un record de 20.000 contaminations au Covid-19 au cours des dernières 24 heures, la plupart à Shanghai qui s’apprête à ouvrir un hôpital de campagne géant de 40.000 places. Le pays où le coronavirus a été initialement détecté à la fin de 2019 était parvenu jusqu’en mars 2021 à enrayer largement l’épidémie grâce à des mesures très strictes réunies sous le terme de Covid zéro. Mais le variant Omicron a battu en brèche cette stratégie, avec des bilans quotidiens qui dépassent désormais les décomptes officiels de la première vague épidémique à Wuhan (centre).