L’Organisation internationale du travail (OIT) a mis en garde, lundi, sur une très probable dégradation mondiale du marché du travail au cours de l’année 2023. Une situation, mettant à mal les efforts de lutte contre la précarité de l’emploi, qui serait notamment causée par l’essoufflement de l’économie mondiale, les conséquences de gestion de la crise sanitaire ou encore l’instabilité engendrée par la guerre en Ukraine.

Par Nadir Kadi
L’OIT évoquant en ce sens une nouvelle année marquée par une accentuation des inégalités, une relative augmentation du chômage ainsi qu’une baisse des revenus du travail aggravée par la persistance d’une importante inflation. En effet, le nouveau rapport de l’OIT brosse des perspectives peu réjouissantes après plusieurs années déjà considérées comme difficiles. L’une des principales craintes en 2023 serait ainsi une augmentation des pressions sur le marché du travail, contraignant les travailleurs à accepter des emplois mal rémunérés, précaires et dépourvus de protection sociale. «Le ralentissement actuel signifie que de nombreux travailleurs devront accepter des emplois de moindre qualité, souvent très mal payés, avec parfois des durées de travail insuffisantes «, indique le document de l’OIT, avant de préciser que les nouveaux entrants sur le marché du travail seraient les premières victimes de la situation. Et dans cette logique, l’organisation estime que la multiplication des crises internationales, principalement le conflit en cours en Ukraine, la reprise inégale après la pandémie ainsi que la persistance de goulets d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, a pour conséquence une situation de «stagflation, conjuguant (…) inflation élevée et faible croissance, pour la première fois depuis les années 1970 «. Ainsi, et contrairement à la baisse observée de de 2020 à 2022, l’OIT anticipe un marché de l’emploi marqué en 2023 par une légère augmentation du chômage mondial, «d’environ 3 millions de personnes, pour atteindre 208 millions «, et avec une croissance de l’emploi «nettement ralentie cette année, à hauteur de 1% (contre 2,3% en 2022) «. Et cette nouvelle pression sur les salaires, après les baisses importantes de revenus déjà constatées durant «la crise de la Covid-19 «, serait encore aggravée par d’importants taux d’inflation et l’augmentation mécanique des prix «plus vite que les revenus nominaux du travail «. Quant aux perspectives de sortie de crise, du moins le retour à la situation d’avant-2020, le Directeur général de l’OIT, Gilbert Houngbo, note dans la préface de l’étude que «les prévisions de ralentissement de la croissance économique et de l’emploi en 2023 impliquent que la plupart des pays ne retrouveront pas complètement les niveaux d’avant la pandémie «; le directeur du département de la recherche de l’OIT et coordinateur du rapport, Richard Samans, estime pour sa part «en raison du ralentissement de la croissance de l’emploi mondial, nous n’espérons pas pouvoir compenser les pertes subies pendant la crise de la Covid-19 avant 2025 «. Dans ces conditions, il apparaît que les efforts de lutte contre l’économie et le travail informel sont de nouveau mis à mal. Le rapport souligne, en effet, que «la reprise «du marché du travail après la crise de la Covid-19 a été principalement alimentée par l’emploi informel avec en 2022 «environ 2 milliards de travailleurs occupaient un emploi informel et 214 millions de travailleurs vivaient dans l’extrême pauvreté «. Pour rappel, 6,4% des actifs subsistent avec un revenu inférieur à 1,90 dollar par jour selon les données de l’OIT. <