La découverte de cas suspects du variant Omicron en Algérie relance le débat sur la vaccination et l’efficacité des vaccins, dont celui produit en Algérie depuis la fin de septembre dernier par le groupe Saidal en partenariat avec le chinois Sinovac.
PAR INES DALI
Le Pr Kamel Senhadji, président de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS) a affirmé, hier, que «les vaccins disponibles en Algérie sont efficaces». Il argumente en expliquant que «selon les méthodes scientifiques de fabrication, c’est le virus entier inactivé qui est utilisé dans la fabrication des anti-Covid-19. C’est donc un vaccin produit avec le virus mort, ce qui donne une immunité importante et efficace contre tous les composants du virus». Il poursuit en indiquant que même si le nouveau variant Omicron présente de nombreuses mutations, il n’en demeure pas moins qu’il en a d’autres qui sont «les mêmes que celles se trouvant dans les autres variants». Ce qui veut dire que «même avec les vaccins actuels, les anticorps obtenus nous aident, puisque le vaccin combattra, ne serait-ce qu’en partie, le nouveau variant Omicron malgré sa rapide transmissibilité». Le président de l’ANSS a indiqué que «le vaccin chinois que l’Algérie produit actuellement est justement un vaccin produit avec le virus entier inactivé, ce qui nous permettra de faire face au nouveau variant et de diminuer de ses effets qui, actuellement, ne sont pas complètement connus». Il estime que «c’est donc un bénéfice du vaccin puisqu’il est capable de combattre les composants du virus autres que la partie Spike qui a muté». Et c’est ce qui va contribuer à faire face au nouveau variant lorsqu’il arrive, selon lui.
Les explications du Pr Senhadji sont une réponse aux «appréhensions et doutes sur les vaccins, alors que les études sont toujours en cours» pour déterminer l’exactitude des taux d’efficacité des anticoronavirus et la virulence du virus. Le spécialiste immunologiste a insisté qu’étant donné que Omicron contient des composants similaires aux autres variants, «il subsistera donc au moins une partie de base sur laquelle le vaccin produira une efficacité et donnera une immunité», révélant que les résultats préliminaires d’une étude effectuée sur les malades atteints par Omicron en Afrique du Sud, a démontré que malgré sa rapide contagiosité, les complications qu’il présente sont légères et moindres que celles du Delta.
«La vaccination évitera la complication de la situation»
Evoquant la situation épidémique de l’Algérie, il a estimé que «l’inquiétude est réelle en raison de la hausse continue des cas» et «c’est grâce à la vaccination que nous pouvons éviter» qu’elle se complique plus. «Nous sommes dans une situation épidémique inquiétante, semblable à celle du monde entier. En tant qu’Agence de sécurité sanitaire, chargée de la veille et de la prévention, nous constatons que le virus se déplace à son aise à travers le monde. Nous savons que la seule solution qui reste efficace dans la lutte contre le Covid-19 est l’arme de la vaccination. En plus du vaccin, il y a également les mesures barrières qui doivent être respectées», a-t-il souligné. Il mettra en exergue que l’Algérie fait face aujourd’hui à la prédominance du variant Delta et c’est sur ce volet qu’il convient de lutter efficacement avant de voir arriver Omicron. «Pour analyser la situation, nous devons la regarder avec objectivité et prendre en considération l’enchainement des événements liés à la pandémie pour qu’il n’y ait pas de confusion. Aujourd’hui, c’est le variant Delta qui est prédominant. Nous faisons donc face à la propagation du Delta, mais nous disposons de l’arme qui peut le combattre : la vaccination.» Grâce à la vaccination, les décès peuvent être «réduits de 90% et une personne vaccinée qui pourrait attraper le Covid-19, lorsque survient une nouvelle vague, ne ferait qu’une forme légère de la maladie, car elle aura déjà une certaine immunité qui la protège contre la forme grave pouvant mener au décès».
Signalant qu’aucun décès n’a, pour l’heure, été enregistré dans le monde, il estime que si Omicron continue à se propager fortement mais en ne provoquant pas de morts, il pourra alors faire «beaucoup de malades avec des formes légères qui finissent par guérir. Ce qui pourrait alors être, éventuellement, à l’origine d’une immunité naturelle. Et c’est la meilleure vaccination».
Le Pr Rachid Belhadj, directeur des activités médicales au CHU Mustapha-Bacha, s’est montré quelque peu rassurant, tout en évoquant «le constat d’une amorce douce de la 4e vague mais, a-t-il dit, ce n’est pas le même scénario qu’à la 3e vague». Actuellement, l’hôpital compte 37 malades hospitalisés et 6 en réanimation, soit une hausse comparativement à il y a quelques jours. A propos d’Omicron, il estime qu’il ne faut pas sombrer dans le stress, rappelant l’expérience capitalisée durant les précédentes vagues. «On n’est pas dans une situation de surprise, on s’attend à l’arrivée de variants et il y a eu Omicron. On suit de très près ce qui se passe à l’échelle locale, régionale, nationale et internationale. Nos scientifiques suivent l’évolution épidémiologique», a-t-il déclaré. Il a tenu à revenir sur le rôle de la vaccination, affirmant qu’il a été prouvé que les non-vaccinés sont les plus exposés à être contaminés par les variants avec un taux de survie très faible. «Nous appelons la population à se faire vacciner et à respecter les autres moyens de lutte, à avoir les mesures barrières, et appelons les autorités sanitaires à plus de communication, d’organisation et de sagesse, dans le sens qu’il ne faut pas créer une tension puisqu’on a acquis une certaine expérience dans la gestion de cette crise sanitaire».
Le Pr Ryad Mehyaoui, membre du Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie de Covid-19, soutient que l’Institut Pasteur d’Algérie doit «renforcer le séquençage, puisque c’est ainsi que sont repérés les variants après les tests PCR positifs» en plus des «enquêtes épidémiologiques autour des cas suspects». Cette proposition figure parmi les principales recommandations émises par une réunion du Comité scientifique élargie aux experts, qui ont souligné la nécessité du renforcement du contrôle aux frontières pour détecter les cas suspectés de porter le nouveau variant. L’autre proposition est que «les voyageurs qui viendraient de pays africains où circule Omicron auraient un traitement particulier par rapport au dépistage, à l’isolement et au confinement», a fait savoir le Pr Mehyaoui.
Concernant la partie Sud du pays, la wilaya de Tamanrasset se prépare à toute éventualité dans le cas où le virus découvert en Afrique du Sud venait à être introduit dans cette région par les frontières Sud, selon le Pr LyèsAkhamokh, membre du Comité scientifique. Il a affirmé que si des cas venaient à être repérés, ils seront isolés et pris en charge pour éviter qu’ils se transmettent dans le Nord.