Par Hamid Bellagha
Après les travaux d’Istanbul et ceux de Guinée Equatoriale, respectivement en 2008 et 2014, la Turquie renoue avec l’Afrique à l’occasion du Sommet de l’ancienne Constantinople et le continent noir.
Pour l’occasion, et dans une allocution d’ouverture solennelle, le Président turc n’a pas caché que les relations entre son pays et l’Afrique relèveront du gagnant-gagnant, un concept moult fois usité et utilisé par les anciennes puissances coloniales, mais jamais appliqué sur le terrain des échanges Nord-Sud. «Partenariat renforcé pour le développement et la prospérité» sera le thème central des rencontres et discussions entre l’antique Anatolie et les quelque 40 nations africaines.
La partie turque voudrait, à travers les rencontres avec les pays africains, corriger le déséquilibre du système commercial mondial en établissant de nouvelles règles. La dictée aux pays du continent originel ne pourrait continuer comme elle l’a été du temps du colonialisme et du néo-colonialisme. Un déséquilibre béant a caractérisé les «échanges» entre le Nord et le Sud et a mis à mal, et ça dure encore, les économies fragiles et mono-exportatrices des pays en voie de développement.
Cela a eu comme conséquence l’introduction de la Russie d’abord, Israël ensuite et, enfin, la Turquie, ces trois pays profitant des brèches béantes de la domination de l’Occident sur «son» continent.
La nouvelle route de la soie aux relents chinois en est le parfait exemple, relayé par une offensive turque qui a compris que son avenir ne se dessinait pas au sein de l’Union Européenne, mais sur les contrées des descendants de Lucy. Jouant sur la fibre du rejet du néo-colonialisme pour les uns, de la religion pour d’autres, la Turquie assoit peu à peu une présence accrue sur le continent noir avec des zones d’influence qui ne cessent de se multiplier.
Le Sommet, qui a commencé hier, n’est qu’une suite de l’offensive turque vers l’Afrique et un rappel, pour ceux qui feignent de l’ignorer, que la patrie d’Atatürk a encore beaucoup d’atouts pour s’imposer en tant que puissance régionale et méditerranéenne. Cela n’a sans doute pas échappé à Aïmene Benabderrahmane qui représente l’Algérie au Sommet d’Istanbul où il globalisera les attentes algériennes et africaines par «cinq axes importants qui incluent la paix et la sécurité, le commerce, l’investissement et l’industrie, l’éducation et la promotion des jeunes et des femmes, le développement des entreprises de base et de l’agriculture, ainsi que la promotion de la santé».
Nul doute que ce Sommet ne saurait être autre chose qu’une autre voie pour les Africains de séparer le bon grain de l’ivraie et de se placer sur la route du développement, malheureusement cahoteuse depuis l’accession à «l’indépendance».