Murs noircis par le feu, vitres brisées et voitures calcinées: les habitants
de la ville palestinienne de Huwara, en Cisjordanie occupée, ont découvert lundi les dégâts d’une attaque menée par des colons israéliens. Fait rare,
les autorités israéliennes ont appelé les colons au calme après ce nouvel épisode de violences qui intervient alors que le conflit connaît déjà une nette escalade et que des responsables de chaque côté se sont engagés, lors d’une réunion dimanche en Jordanie, à «prévenir toute nouvelle violence».

Dimanche soir, des centaines de colons israéliens sont entrés à Huwara, petite ville du nord de la Cisjordanie occupée où les tensions sont fréquentes. Ils ont jeté des pierres vers des habitations palestiniennes, incendié des bâtiments, des poubelles et des voitures, a constaté un journaliste de l’AFP. Au petit matin, une décharge avait des airs de cimetière de voitures, avec des dizaines de véhicules calcinés. «Ils ont brûlé tout ce qu’ils ont trouvé», a raconté à l’AFP un habitant, Kamal Odeh: «Ils ont incendié plus de 20 bâtiments, dont des magasins, des maisons. Même les arbres n’ont pas été épargnés». D’après Wajeh Odeh, membre de la municipalité de Huwara, plus de 100 voitures ont été incendiées et 30 maisons brûlées ou endommagées.
Les attaques visent à «anéantir les efforts» pour freiner l’escalade
La présidence palestinienne a déclaré que les attaques des colons en Cisjordanie occupée visaient à «saper les efforts internationaux déployés pour tenter de sortir de la crise actuelle». La présidence palestinienne a condamné, dans un communiqué publié dimanche, «les attaques des colons contre les Palestiniens et leurs biens, au sud de la ville de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie occupée». «Ces attaques sont des actes terroristes qui sont perpétrés avec la protection de l’armée (sioniste)», a noté la même source. Et de poursuivre : «Ce terrorisme et quiconque se tient derrière vise à détruire et contrecarrer les efforts internationaux déployés pour tenter de sortir de la crise actuelle». La présidence palestinienne a ajouté : «Nous sommes à la croisée des chemins, et la communauté internationale doit prendre ses responsabilités, en obligeant le gouvernement de l’occupation à arrêter ses attaques et à arrêter immédiatement les crimes des colons, sans quoi la situation risque d’entrer dans une spirale d’action et de réaction, dont personne n’est en mesure de prédire les conséquences». Plus tôt dimanche, le ministère palestinien de la Santé avait annoncé la mort du jeune homme, Sameh Aqtash (37 ans), et des dizaines de blessés, dans des attaques menées par des colons au sud de Naplouse. Depuis le début de cette année, plus de 60 Palestiniens sont tombés en martyrs sous les balles sionistes, dont 11 lors de la prise d’assaut de la ville de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, mercredi.
«Nous considérons ces actes comme des actes de terrorisme», a dit un responsable de l’armée israélienne à des journalistes, estimant que de 300 à 400 colons étaient entrés dans la ville palestinienne par esprit de «vengeance». Dix personnes ont été arrêtées, a indiqué l’armée, qui a dit avoir évacué des dizaines de Palestiniens dont les maisons étaient menacées par des incendies.

«Hors de contrôle»
«Il ne peut y avoir de justification au terrorisme, aux incendies criminels et aux actes de vengeance envers des civils», a estimé dans un communiqué le médiateur de l’ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland, se disant «profondément préoccupé». Le ministère français des Affaires étrangères a jugé «inacceptables» les violences contre des civils palestiniens en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967, s’inquiétant de violences menaçant «de dégénérer hors de contrôle». Il a aussi condamné «fermement l’attaque qui a coûté la vie à deux Israéliens». Plus tard, un Palestinien a été tué par balles alors que les forces israéliennes et des colons se trouvaient à Zaatara, un autre village près de Naplouse. L’armée a indiqué à l’AFP qu’elle ne lui avait pas tiré dessus. «Nous ne pouvons tolérer une situation dans laquelle des citoyens se font justice eux-mêmes», a déclaré le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, après des propos similaires du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, de maires de colonies et du Premier ministre, Benjamin Netanyahu. A la tête depuis fin décembre d’un des gouvernements les plus à droite de l’histoire d’Israël, qui compte plusieurs ministres eux-mêmes colons, M. Netanyahu a demandé à ce qu’on laisse «les forces de sécurité accomplir leur mission». Des organisations israéliennes de défense des droits humains ont dénoncé un «pogrom», «soutenu» par le gouvernement israélien, d’après «La paix maintenant». Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a accusé Israël de «protéger les actes terroristes perpétrés par des colons». L’armée a multiplié depuis près d’un an dans le nord de la Cisjordanie les opérations présentées comme «antiterroristes». Mercredi, onze Palestiniens ont été tués à Naplouse dans l’incursion militaire israélienne la plus meurtrière en Cisjordanie depuis 2005 au moins. Depuis le début de l’année, le conflit a coûté la vie à 63 Palestiniens (dont des combattants et des civils incluant des mineurs) et à 12 Israéliens (dont des mineurs et des forces de sécurité) et une Ukrainienne, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de sources officielles israéliennes et palestiniennes.
Lors d’une réunion dimanche en Jordanie, de hauts responsables sécuritaires israéliens et palestiniens ont «réaffirmé la nécessité de s’engager dans la désescalade sur le terrain et de prévenir toute nouvelle violence». (Sources Agences)