Le décret fixant la grille indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires est paru dans le Journal Officiel jeudi dernier. La révision du point indiciaire dans la fonction publique, comme l’avait annoncé le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane, est effective et prend effet à compter du
1er mars 2022. Or, cette annonce est loin de satisfaire les syndicats autonomes, notamment ceux de l’Education nationale, qui estiment que l’augmentation de l’indice minimale de 50 points est « insignifiante » dans le contexte actuel, marqué par l’érosion du pouvoir d’achat, l’inflation et l’explosion des prix.
PAR MILINA KOUACI
Colère et déception des travailleurs de la fonction publique après la publication du décret fixant la grille indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires au Journal Officiel. Suite à l’augmentation de l’indice minimal de 50 points, l’augmentation salariale variera de 2 000 à 6 000 DA selon les travailleurs. Estimant que ces augmentations sont insuffisantes, les syndicats ont lancé des appels au président de la République afin d’instaurer des augmentations salariales censées permettre aux travailleurs de recouvrer leur dignité.
Boualem Amoura, président du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef) et coordinateur de la Confédération des syndicats algériens (CSA), indique que les travailleurs s’attendaient à des augmentations « conséquentes ». Il estime que cette mesure n’aura pas un grand impact sur les salaires. « Ces augmentations sont infimes et ne permettront pas d’améliorer le pouvoir d’achat en chute libre », a-t-il souligné. Il indique qu’elles seront absorbées par l’inflation et l’augmentation vertigineuse des prix des produits de large consommation. Il rappelle que les syndicats autonomes ont demandé que soit révisée la valeur du point indiciaire qui stagne à 45 DA depuis 2007.
Le président de l’Organisation algérienne des professeurs de l’éducation Boudjemaa Chihoub juge, de son côté, que les augmentations sont « décevantes ». Il a appelé le président de la République à intervenir et statuer en particulier sur « la situation des enseignants » fortement impactés par la détérioration du pouvoir d’achat, d’autant que M. Tebboune s’est engagé à améliorer leur situation socioprofessionnelle.
Quant au Conseil des lycées d’Algérie (CLA), il estime également que la nouvelle grille indiciaire est « décevante » et n’est pas « à la hauteur des attentes » des travailleurs de la fonction publique, qui étaient persuadés que l’augmentation allait être « importante et considérable ». Le CLA dénonce, en effet, une augmentation infime qui « ne garantit pas la dignité du travailleur ni ne rétablit sa considération ». Il plaide ainsi pour l’unité syndicale et invite les syndicalistes du CLA à se tenir prêts en vue d’éventuelles actions de protestation.
Dans le secteur de la santé, les auxiliaires médicaux sont montés au créneau. Le Syndicat national autonome des auxiliaires médicaux en anesthésie-réanimation de la santé publique (Snaamarsp) considère que l’augmentation engendrée par la hausse du point indiciaire est une « humiliation » pour le travailleur. « Dans un contexte marqué par l’érosion du pouvoir d’achat et une augmentation injustifiée des prix de produits de large consommation, nous nous attendons à une amélioration des conditions de vie de la classe moyenne », écrit le syndicat dans un communiqué rendu public. Or, « nous avons appris que l’augmentation de l’indice minimal de 50 points permettra une augmentation de 2 200 DA des salaires, ce qui est insignifiant », dénonce le Snaamarsp. Il appelle ainsi à la révision de ces augmentations salariales et de les revaloriser dans le cadre d’une politique salariale équitable entre les travailleurs de la fonction publique, le principe d’égalité de chance, appelant à trouver des mécanismes en urgence pour l’amélioration des salaires, les indemnités, et les subventions directes.
Rappelons que le décret numéro 22-138 du 28 Chaâbane 1443 correspondant au 31 mars 2022 modifiant le décret présidentiel numéro 07-304 fixant la grille indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires prévoit une augmentation de 50 points indiciaires pour tous les fonctionnaires, soit une hausse sur salaire minimum de 2.250 DA, sachant que la valeur du point indiciaire est fixée à 45 DA.
L’article 2 de ce nouveau texte stipule que « l’indice minimal prévu par le présent décret, remplace l’indice minimal correspondant aux grades prévus par les statuts particuliers », alors que l’article 3 précise que le fonctionnaire est reclassé dans la grille prévue à l’article 1er du nouveau décret, à la même catégorie et au même échelon qu’il détenait à la date d’effet du présent décret.
Quant au décret présidentiel numéro 22-139 modifiant le décret présidentiel numéro 07-307, celui-ci fixe les modalités d’attribution de la bonification indiciaire aux titulaires de postes supérieurs dans les institutions et administrations publiques.
L’article 3 de ce décret indique que « la bonification indiciaire prévue par le présent décret, remplace la bonification indiciaire correspondant aux niveaux hiérarchiques des postes supérieurs prévus par la réglementation en vigueur », alors que l’article 4 précise que « les titulaires des postes supérieurs sont reclassés dans les tableaux prévus aux articles 1er et 2 » du même décret et « aux mêmes niveaux hiérarchiques qu’ils détenaient à la date d’effet du présent décret ». n