Dix Palestiniens, dont un adolescent de 16 ans, ont été tués et plus d’une centaine d’autres blessés par balles lors d’un raid militaire israélien hier à Naplouse en Cisjordanie occupée. Certains des blessés sont dans un état grave, selon des sources hospitalières palestiniennes.
Par Anis Remane
Il s’agit de l’incursion la plus meurtrière depuis 2005 au moins, à égalité avec celle du 26 janvier dans un camp de réfugiés à Jénine, également dans le nord de la Cisjordanie occupée, durant laquelle 10 Palestiniens avaient été tués.
Sur Twitter, le ministre palestinien des Affaires civiles Hussein al-Cheikh a dénoncé un « massacre » et appelé la communauté internationale à «intervenir immédiatement». Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a réagi en exigeant « l’arrêt » de la colonisation israélienne « illégale » dans les territoires occupés palestiniens. « Chaque nouvelle colonie est un obstacle de plus sur la route de la paix. Toute activité de colonisation est illégale au regard du droit international et doit cesser. En même temps, inciter à la violence est une impasse. Rien ne justifie le terrorisme (qui) doit être rejeté par tous », a déclaré M. Guterres. Le chef de l’ONU s’est exprimé devant le Comité de l’ONU créé en 1975 pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien. Il a jugé que la situation « dans le territoire palestinien occupé était la plus inflammable depuis des années » avec « des tensions au plus haut » dans un contexte de « processus de paix » israélo-palestinien « bloqué ».
Pour M. Guterres, la «priorité immédiate des Nations unies doit être d’empêcher une escalade supplémentaire, de réduire les tensions et de rétablir le calme », a plaidé le secrétaire général, en présence de l’ambassadeur palestinien à l’ONU Riyad Mansour. «Empêcher davantage de violence est une priorité urgente », avait affirmé lundi Tor Wennesland, médiateur de l’ONU pour le Proche-Orient. Il ne semble pas avoir été écouté par l’occupant israélien. Depuis le début de l’année, le conflit israélo-palestinien a coûté la vie à 58 Palestiniens (parmi lesquels des membres la résistance et des civils, dont des mineurs), neuf civils israéliens (dont trois mineurs) et une Ukrainienne. Le raid israélien dans le camp de réfugiés palestiniens de Jénine fin janvier avait été suivi d’échanges de tirs entre des groupes armés dans le bande de Gaza et l’armée israélienne et une attaque meurtrière à Jérusalem-Est.
Après ce nouveau massacre, les regards sont à nouveau braqués vers l’Autorité palestinienne. Sous la pression des Etats-Unis, son président Mahmoud Abbas s’est engagé récemment à renoncer à s’adresser au Conseil de sécurité pour une résolution de condamnation des opérations de colonisation menées par l’Etat hébreu en territoires occupés, et à ne pas prendre de « mesure unilatérale » qui le conduirait à cesser la coopération sécuritaire. M. Abbas se serait dit prêt à œuvrer à l’apaisement et d’éviter une escalade majeure à la veille du mois de ramadan, une période que les services de sécurité israéliens redoutent particulièrement. Il aurait accepté de discuter un plan de sécurité élaboré par le lieutenant-général américain Mike Fenzel afin de restaurer le contrôle des forces palestiniennes sur les zones du nord de la Cisjordanie. La condition, pour les concessions palestiniennes, est que les Israéliens s’abstiennent de toute activité de peuplement dans les territoires occupés, d’arrêter les démolitions et réduire les incursions meurtrières en Cisjordanie. Ce qui n’est pas le cas au vu du bain de sang perpétré, hier, par l’armée israélienne qui, selon une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux, a tiré délibérément et méthodiquement sur des Palestiniens désarmés.
Après avoir annoncé une « réponse » au massacre, les factions palestiniennes en Cisjordanie ont annoncé une grève générale pour aujourd’hui, jeudi, en guise de deuil et d’hommage aux « martyrs ». Des dizaines de Palestiniens ont manifesté près de la clôture séparant la bande de Gaza et Israël pour condamner le bain de sang.
Mercredi après-midi, des dizaines de personnes ont participé à une marche en colère dans la ville de Ramallah, condamnant la prise de Naplouse par l’occupation. A New York, le représentant palestinien aux Nations unies a appelé le secrétaire général, Antonio Guterres, à intervenir d’urgence pour « protéger le peuple palestinien ». <