Le Premier des ministres du nouveau gouvernement annoncé hier, Aïmene Benabderrahmane, garde son ancien portefeuille. Une première dans les annales politiques et institutionnelles algériennes ! Mais aussi un indicateur des contraintes considérables que connait le pays actuellement en matière économique et financière. Pour le chef de l’Exécutif, c’est une double charge qu’il va devoir assumer sous le regard attentif des observateurs étonnés par le choix du président de la République de lui confier aussi bien la direction du gouvernement que celle de ses finances.

PAR NAZIM BRAHIMI
Le gouvernement post élections législatives du 12 juin dernier et que dirigera Aïmene Benabderrahmane, désigné mercredi dernier au poste de Premier ministre, a été nommé hier, et dans lequel ont été opérés deux changements significatifs touchant le ministère des Affaires étrangères et celui de la Justice.
L’autre singularité du nouveau gouvernement et qui ne peut que susciter de la curiosité réside dans le fait que le chef de l’Exécutif est aussi ministre des Finances. Ministre des finances dans le cabinet précédent, Benabderrahmane restera titulaire de ce poste si important qu’il dirigera même en sa qualité de chef de l’Exécutif.
Deux autres nouveautés ont touché deux départements de souveraineté, à savoir celui de la diplomatie qui enregistre le retour de Ramtane Lamamra en remplacement de Sabri Boukadoum, dans ce qui peut marquer la revanche du diplomate au long cours.
Le département de la Justice change de titulaire avec la fin de mission à Belkacem Zeghmati remercié et remplacé par Mohamed Tebbi, qui était président du conseil d’Etat. Personnage controversé dans une période d’un chambardement judiciaire sans précédent, Zeghmati ne concentrera plus la colère de l’opinion, notamment celle acquise à la contestation de la rue.
Pour le ministère de l’Intérieur, le président Tebboune semble privilégier la stabilité en maintenant à ce poste, Kamel Beldjoud. La même logique a été retenue s’agissant du secteur de l’Energie et des Mines avec le maintien de Mohamed Arkab.
Le cabinet de Benabderrahmane est marqué également par de nombreux départs, à l’image de celui de l’Industrie, Mohamed Bacha, celui de l’Education Mohamed Ouadjaout, celui des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, celui du numérique et des statistiques, Hocine Charhabil. Le ministre de la Transition énergétique et des énergies renouvelables, Chamseddine Chitour, a été lui aussi, remercié, cédant sa place au nouveau venu dans l’Exécutif, Benattou Ziane. Le si cher rêve de transition énergétique de Chamseddine Chitour se trouve ainsi brisé !
Le cabinet Benabderrahmane a maintenu plusieurs ministres : Abdelhamid Hamdani (Agriculture), Tarek Belaribi (Habitat), Abdelbaki Benziani (enseignement supérieur), Kamel Rezzig (Commerce), Abderrahmane Benbouzid (Santé), Ammar Belhimer (Communication) qui perd cependant son titre de porte-parole du Gouvernement.
Dans le registre de ceux qui arrivent, il y a eu le retour des classes d’Abdelhakim Belabed à la tête de l’Education, un poste qu’il avait déjà occupé sans de notables succès. Le ministère de l’Industrie a été confié à Ahmed Zeghdar, issu du FLN. Le ministère de la Culture sera désormais géré par Wafa Chaalal qui succède à Malika Bendouda au bilan plutôt négatif illustré par son incapacité à donner un cap pour le monde de la culture. Le cabinet compte également un nouveau ministre de la Poste et des Télécommunications, en la personne de Karim Bibi Triki, qui aura du pain sur la planche au vu de la crise des liquidités qui persiste dans les agences postales.
Le secteur de l’Environnement a été confié à l’avocate Samia Moualfi, élue députée du FLN (Béjaïa) lors du scrutin du 12 juin et qui signe son entrée au gouvernement en succédant à Dalila Boudjemaâ.
Le département des Ressources en eau, au cœur des préoccupations citoyennes à cause de crise de l’eau potable, enregistre lui également l’arrivée d’une nouveau ministre
en la personne de Karim Hasni qui remplace Kamel Mihoubi. Par le genre, le gouvernement compte cinq femmes.
Le gouvernement désormais connu, plusieurs urgences attendent la nouvelle équipe de Benabderrahmane qui devra être sur tous les fronts. Car, bien que les priorités semblent davantage relever du volet économique et social, il n’en demeure pas moins que les signaux ne sont pas rassurants dans l’ensemble des secteurs. Aux indicateurs guère rassurants risque de s’ajouter une évolution dangereuse de la situation épidémique. D’où l’urgence de reprendre vite le travail et de rompre avec toutes les hésitations et mesures contradictoires qui ont marqué le gouvernement Djerad.
Et si la comparaison n’est pas souvent raison, il est établi que la mission de Benabderrahmane sera encore plus ardue que celle assumée par son prédécesseur, compte tenu de la contraction du PIB, la poussée de l’inflation, la baisse de la valeur de la monnaie nationale, le chômage, le délabrement qui frappe les entreprises…
Tous ces facteurs rendent manifestement plus difficile la mission du nouveau gouvernement.

Liste des membres du nouveau gouvernement conduit par M. Benabderrahmane
Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a nommé mercredi les membres du nouveau gouvernement conduit par le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, dont voici la liste annoncée par le porte-parole de la Présidence de la République par intérim, Samir Aggoune :

Aïmene Benabderrahmane : Premier ministre et ministre des Finances
Ramtane Lamamra : Ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger
Kamal Beldjoud : Ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du Territoire
Abderrachid Tebbi : Ministre de la Justice, garde des Sceaux
Mohamed Arkab : Ministre de l’Energie et des Mines
Ben Attou Ziane : Ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables
Laïd Rebigua : Ministre des Moudjahidine et des Ayants-droits
Youcef Belmehdi : Ministre des Affaires religieuses et des Wakfs
Abdelhakim Belabed : Ministre de l’Education nationale
Abdelbaki Benziane : Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique
Yacine Merabi : Ministre de la Formation et de l’Enseignement professionnels
Wafa Chaâlal : Ministre de la Culture et des Arts
Abderezak Sebgag : Ministre de la Jeunesse et des Sports
Hocine Charhabil : Ministre de la Numérisation et des Statistiques
Karim Bibi Triki : Ministre de la Poste et des Télécommunications
Kaouthar Krikou : Ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme
Ahmed Zeghdar : Ministre de l’Industrie
Abdlehamid Hamdani : Ministre de l’Agriculture et du Développement rural
Mohamed Tarek Belaribi : Ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville
Kamel Rezig : Ministre du Commerce et de la Promotion des exportations
Ammar Belhimer : Ministre de la Communication
Kamel Nasri : Ministre des Travaux publics
Aïssa Bekkaï : Ministre des Transports
Karim Hasni : Ministre des Ressources en eau et de la Sécurité hydrique
Yacine Hammadi : Ministre du Tourisme et de l’Artisanat
Abderrahmane Benbouzid : Ministre de la Santé
Abderrahmane Lahfaya : Ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale
Basma Azouar : Ministre des Relations avec le Parlement
Samia Moualfi : Ministre de l’Environnement
Hicham Sofiane Salawatchi : Ministre de la Pêche et des productions halieutiques
Abderrahmane Lotfi Djamel Benbahmed : Ministre de l’industrie pharmaceutique
Nassim Dhiafat : Ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Micro Entreprise
Yacine El-Mahdi Walid : Ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de l’économie de la connaissance et des startups
Yahia Boukhari : Secrétaire général du Gouvernement.