Des feux, des victimes, plusieurs victimes, des dégâts incommensurables, et au bout, la rage. Les feux qui se sont déclenchés depuis lundi dans quelques wilayas du pays sont venus démontrer encore une fois le gouffre existant entre les tenants du pouvoir, quasiment à tous les niveaux, et les citoyens.
Alors que les flammes enveloppaient plusieurs villages, alors que les populations quittaient précipitamment leurs maisons, le principal « débat » sur les réseaux sociaux étaient de chercher les coupables, les mains criminelles. L’occasion de (re)trouver les accusations à tout va. Aux nombreuses questions sur l’origine « suspecte » du déclenchement des feux de forêt, les réponses (toujours via les médias sociaux) étaient toutes prêtes. Des charges souvent sans preuves, enrobées par des raccourcis souvent ahurissants.
Certes les semeurs de trouble ont trouvé, via ces feux, une autre occasion de s’engouffrer dedans et accentuer le marasme actuel qui sévit en Algérie. Toutefois, ce déclenchement simultané des incendies et des « attaques » sont loin d’être sans fondement. Il vient ouvrir une autre brèche, aux côtés de celle imposée par la crise sanitaire engendrée par la Covid-19. Il y a un très gros problème de communication dans ce pays, et ici les sources sont clairement désignées, tout ce qui représente l’Etat.
Dès qu’une catastrophe, quelle que soit son ampleur, frappe le pays, il n’arrive toujours pas à sortir de sa torpeur. Et à chaque fois le temps de réaction est toujours tardif, lourd et lent, et surtout qui ne répond pas aux inquiétudes des citoyens. Ne pas être prévoyant (sur tous les plans), c’est tout simplement un signe d’incompétence. Encore une fois, il a été question de réactions dans la précipitation, au lieu d’appliquer des plans préétablis à l’avance. La gestion est en cause, et pas que.
C’est que communiquer n’est pas un luxe. Faire des efforts pour expliquer aux Algériens la vérité, n’est pas une erreur, ni un abaissement. La gouvernance pyramidale
des années « hasbeen » n’est plus seulement inapplicable, elle devient quasiment dangereuse pour la stabilité même de l’ensemble du pays. Cependant, les responsables ne sont pas les seuls à être incriminés. Après tout ce que les Algériens ont vécu, et vivent encore, avec le manque d’oxygène, et tout ce qu’ils ont subi depuis deux jours avec ces feux de forêts, les Algériens ne peuvent que dépasser le stade de « retenir la leçon ».
L’heure est de se libérer de l’assistanat, et de dépasser le statut de simple d’habitant.
Ce qui s’est passé, et c’est toujours en cours, autour de la gestion de cette catastrophe vient également rappeler qu’il est plus qu’indispensable que les citoyens apprennent à s’organiser eux-mêmes. L’Etat providence, a peut-être existé auparavant, mais les temps ont changé. La solidarité n’est pas également un luxe. Pas besoin, pour cela, d’aller invoquer la mondialisation, ou la main étrangère, ou la dilapidation des ressources du pays. C’est être citoyen, ou ne plus être.

  • *: Nirane, les feux en langue arabe.