Le variant Delta a frappé « par surprise », d’où l’incapacité des pouvoirs publics à réagir. Les feux de forêt étaient trop nombreux, et simultanés, d’où l’incapacité des « responsables » à réagir. Deux situations, deux catastrophes, à tous les niveaux, qui ne peuvent être oubliées. Tous les Algériens en subissent les conséquences.
Ce que l’Algérie est en train de vivre depuis au moins un mois ne sera pardonné ni par l’histoire ni par toutes
les familles qui ont été touchées de plein fouet par les graves séquelles. Cette insupportable sensation de banalisation de la mort ne sera pas oubliée de sitôt,
et elle ne le devrait pas.
Manque de médicaments, manque d’oxygène, manque de Canadair, manque de plan de sauvetage préétabli, et la liste est bien longue, pour se permettre de ne pas voir la réalité, celle de la fin d’un système de gestion.
Devant la lenteur des réactions des pouvoirs publics, l’histoire retiendra surtout le formidable élan de solidarité des Algériens. Des faits à retenir et à semer, pour l’avenir, proche et lointain.
L’urgence, pour le moment, est le sauvetage des vies humaines et la protection des biens matériels encore menacés par les incendies.
La concentration des efforts devrait être
à ce niveau. Mais, en parallèle, il y a l’impérieuse question du changement.
Mourir en Algérie à cause des « manques » n’est pas une fatalité. Il est impossible d’accepter ce que certains veulent présenter comme un « sort ». Même cette course à la recherche d’éventuels coupables des incendies ne pourra ni suffire ni justifier les dysfonctionnements enregistrés à tous les niveaux.
Les moyens de sauvetage n’ont pas suffi pour sauver des vies, les maisons et toute la biodiversité. Les moyens du secteur de la santé n’ont pas suffi pour sauver la vie de tellement d’Algériens. Cependant, la riposte n’est pas de chercher des boucs émissaires. Une solution de facilité qui a très souvent engendré des drames. Les exemples pullulent. L’un d’eux restera dans les annales. L’épisode du naufrage du « Béchar », un bateau de la Cnan. C’était, il y a presque 17 ans (la nuit du 13 au
14 novembre 2004), et qui avait engendré plusieurs victimes. La rage et la colère populaire avaient permis au système de trouver des boucs émissaires tout indiqués pour les condamner ! Les responsables de la Cnan avaient écopé de lourdes peines, alors que leur innocence était claire et vérifiée. Même s’ils avaient été acquittés plusieurs années plus tard (en 2010), le mal était fait. Leurs familles brisées, et surtout le système de gestion est resté le même, noyé dans l’incompétence et l’amateurisme. L’Algérie en paye toujours le prix, terre, mer, air, incendies, hôpitaux…