Propos recueillis par Khaled Remouche
Cette problématique d’ouverture du capital des EPE au secteur privé n’est pas nouvelle, affirme l’ancien président de l’Unep, patronat public. Elle est récurrente depuis le démarrage du processus de privatisation au cours de la décennie 90. Le fait nouveau est qu’elle est élargie, à présent, au secteur privé national. En effet, l’ouverture du capital des EPE concernait uniquement le secteur privé étranger et avait commencé avec le premier programme de privatisation (Asmidal, Sider, ENGI, etc.).
Bien que les bilans de ces opérations n’aient pas été faits et/ou rendus publics, il apparaît des résultats contrastés et, en tout cas, mitigés. J’étais d’ailleurs partisan, en tant que membre fondateur et dirigeant de l’Union nationale des entrepreneurs publics (Unep), d’élargir notre syndicat aux entreprises à capitaux mixtes.
Cette démarche d’ouverture du capital des EPE a été reprise et actualisée par le gouvernement précédent sous la pression des besoins de trésorerie d’une partie des industries manufacturières (Eniem, Enie). Mais l’opération biaisée dès le départ, puisque « seules les entreprises publiques nécessitant une recapitalisation cyclique seront concernées », n’a pas été concrétisée, me semble-t-il.
Or, même si la réflexion s’est élargie à la participation privée nationale, il convient de savoir si la doctrine en la matière a évolué et s’est précisée depuis. Il y a, me semble-t-il, quelques nouvelles idées avancées par les pouvoirs publics, soumis à des contraintes budgétaires et financières encore fortes malgré le desserrement relatif de la contrainte extérieure. On parle à présent de l’ouverture du capital des banques publiques. Ce qui était tabou – qu’on se rappelle du rejet, in fine, de l’ouverture du capital du CPA. Sur la mise en œuvre de cette esquisse de démarche, j’ai au moins trois observations.
La première concerne l’ouverture du capital par le biais de l’émission de titres boursiers. Cette approche implique que les entreprises publiques concernées affichent des exercices bénéficiaires, selon les dispositions légales. Cela peut éliminer un grand nombre d’EPE industrielles, dont on veut précisément ouvrir le capital. Il y a donc un traitement préalable, non seulement au bas du bilan, mais aussi en haut du bilan.
La deuxième observation est relative à l’instauration préalable d’un climat de confiance, à la fois, au bénéfice des managers et administrateurs des EPE, en tant qu’offreurs d’actions de leur capital social, mais aussi au bénéfice des acheteurs privés d’actions (personnels ou sociaux). L’instauration de ce climat de confiance renvoie non seulement à la dépénalisation du risque de gestion dans l’arsenal juridique qui a été revu, mais qui reste à compléter, mais aussi dans la jurisprudence algérienne.
La troisième observation renvoie à la problématique des actionnaires majoritaires de ces EPE qui vont ouvrir leur capital social. Là aussi, se pose la question de savoir si l’on va s’en tenir à un capital social, détenu majoritairement par l’actionnaire historique public. Il va sans dire que cela peut avoir un impact sur l’attractivité du portefeuille des EPE qui souhaitent ouvrir leur capital. L’expérience du 51/49 pour les IDE est à rappeler.
Dernier point pour conclure. Ce type d’opération, pour réussir, a besoin d’être mené par les organes sociaux et le management des EPE et non géré administrativement par le haut (démarche bottom up et non up down).