Par Nadir Kadi
Questionné hier au sujet de la situation économique du pays et la nature des réformes engagées, le docteur Houari Tigharsi a fait savoir sur les ondes de la Radio nationale que l’Algérie n’exploite que 20% de ses capacités matérielles et humaines.
Une situation qui oblige plusieurs secteurs à revoir leurs copies, précise l’universitaire : «Il est temps d’évaluer ce qui a été fait, mais aussi d’engager de nouvelles démarches.» Tout en ajoutant plus loin qu’il était «inconcevable que le développement reste au niveau actuel» au regard des «capacités importantes du pays».
En effet, sans remettre en cause les avancées enregistrées depuis plusieurs années, en expliquant notamment que «la majorité des secteurs ministériels ont des bilans positifs» ou encore qu’un grand nombre d’indicateurs sont aujourd’hui positifs, Houari Tigharsi souligne toutefois qu’«au regard des capacités du pays nous pouvons arriver à des niveaux de développement plus importants. Je parle de la croissance, de l’inflation du taux de chômage ou encore de la balance commerciale ou même du budget de l’Etat». Les secteurs économiques devraient en ce sens accélérer le développement : «A part le secteur de l’énergie et des mines ainsi que d’autres qui ont des résultats plus modestes, il est nécessaire d’accélérer le développement.» Et plus concrètement, le docteur Houari Tigharsi estime que le défi aujourd’hui est de «créer de la richesse», un objectif largement à portée, sachant que le pays «n’exploite que 20% de ses capacités», que la «majorité des diplômés universitaires est au chômage».
Et dans cette logique, le même responsable salue les réformes en cours qui pourraient bénéficier aux secteurs économiques, à l’image de «la législation régissant les communes et les wilayas, la loi sur les secteurs monétaires et financiers ou encore le partenariat entre les secteurs privé et public». Il a également demandé une plus grande intégration de «spécialistes de chaque domaine» dans la prise de décision.
«Dans le passé, nous avons remarqué que plusieurs lois, construites de manière administrative, ont montré des manques une fois en application (…) Il faut intégrer des spécialistes, des centres d’études, des universitaires…».
Par ailleurs, insistant également sur le caractère social des politiques engagées par l’Etat, et notamment sur la subvention sociale, qui se fait, selon Houari Tigharsi, par voies principales, «la hausse des salaires, la redistribution par la hausse des impôts dans la loi de finances» ou encore «la hausse de la valeur de la monnaie qui a été cette année de 12,4%» et enfin «les décisions visant à lutter contre la spéculation». Houari Tigharsi note toutefois que la lutte contre la spéculation pourrait être améliorée grâce à la numérisation du secteur économique, «la numérisation» étant pour lui synonyme de «transparence (…) mais aussi de gestion du système économique pour un coût plus limité». Quant au projet, déjà ancien, de mise en place du paiement électronique, l’universitaire a estimé, hier, qu’il pourrait être facilité par la baisse des impôts qui pèsent sur le secteur du commerce : «Les moyens de paiement doivent également être numérisés. Mais il faut également régler certains problèmes. Aujourd’hui, tous les commerçants n’acceptent pas ce système où tous leurs chiffres d’affaires sont tracés au niveau des banques, pour eux, il y a une trop forte pression fiscale. Et il est vrai qu’elle doit baisser, le Premier ministre en avait parlé devant le Parlement». n