Dans une conjoncture de fragilisation du Conseil de coopération du Golfe (CCG), suite à la crise toujours pendante entre l’Arabie saoudite et le Qatar, ce dernier se cherche des accès pour se défaire de la pression étouffante de son puissant voisin -aujourd’hui mal en point avec l’affaire Khashoggi- en s’ouvrant
à des partenaires économiques régionaux comme l’Algérie.

L’émir du Qatar Tamim ben Hamad al-Thani a averti que même lorsque les crises politiques régionales prennent fin, elles laissent des «traces durables». L’émir du Qatar a expressément demandé à ses rivaux de ne pas «s’ingérer» dans les affaires des autres pays. C’est dire que le mal est profond et que Doha est contraint de regarder ailleurs. L’opportunité pour Alger de faire des affaires avec ce géant gazier aux capacités financières établies. C’est dans cette optique, qu’hier, le ministre du Commerce Saïd Djellab a rencontré, à Doha, le ministre qatari du Commerce et de l’Industrie, Ali Ben Ahmed Al-Kuyari, où il était évidemment question de renforcement de la coopération et de développement des relations économiques. Durant la rencontre, qui a eu lieu en marge du Salon Hospitality & Food, qui se tient du 6 au 8 novembre, avec une forte participation de l’Algérie en tant qu’invitée d’honneur, renforcer la coopération économique et la hisser au niveau des relations politiques qui lient les deux pays revenaient comme un leitmotiv. Une délégation, composée de 33 opérateurs économiques algériens, prend part au Salon. Il est question de réactiver le Conseil d’affaires algéro-qatari. Ce raffermissement des relations économiques est perceptible depuis peu entre Alger et Doha. Ainsi Djellab a appelé la partie qatarie à augmenter le volume des investissements en Algérie dans différents domaines, notamment l’agriculture et l’agroalimentaire. Le ministre a précisé que l’Algérie offrait aux investisseurs étrangers des opportunités de partenariat ambitieuses et encourageait la réactivation des accords économiques préférentiels entre les deux pays. Ce qui permettra d’exporter davantage de produits algériens vers le Qatar. Des facilitations sont préconisées pour permettre aux investisseurs qataris d’accéder aux marchés africains. Il sera question, également, de la préparation en cours d’une grande manifestation économique à Qatar concernant le Salon des produits algériens à Doha en 2019, deuxième du genre après celui de 1998.

Complexe de Bellara,
«un modèle»
Reste que l’un des emblèmes de la coopération économique entre l’Algérie et le Qatar est le complexe sidérurgique de Bellara. La visite en septembre dernier sur le site du ministre qatari de l’Energie et de l’Industrie aura souligné l’importance de ce complexe, considéré comme l’un des plus grands en Afrique. Le taux d’avancement du projet est aujourd’hui estimé à 80 %. La grande capacité de production du complexe, qui devrait atteindre 4 millions tonnes/an, répondra aux besoins locaux puis sera orientée vers les marchés internationaux. Côté qatari, l’on considère ce projet comme «une grande réalisation et un modèle pour la coopération entre les deux pays frères». L’attention étroite accordée au suivi des travaux du projet en est l’illustration.
En générant 1 800 emplois directs et des milliers d’emplois indirects, l’impact socio-économique du projet pour la région n’est plus à démontrer, selon les concepteurs. La coopération entre Alger et Doha est multisectorielle. La récente participation du ministre de l’Intérieur Nourredine Bedoui à la 12e édition du Salon de la sécurité intérieure et de la défense civile «Milipol Qatar» n’est pas passée inaperçue. Une rencontre considérée comme une opportunité pour les deux pays de procéder à l’évaluation de l’état d’exécution de l’accord de coopération sécuritaire, conclu entre l’Algérie et le Qatar en 2016. Et d’examiner les voies et moyens de son élargissement pour englober des domaines liés à « la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière ». L’échange d’expertises et d’expériences en matière de coopération policière et de protection civile est également effectif. Les deux ministres ont mis en avant la nécessité de consolider cette coopération entre les deux secteurs de l’Intérieur.