Des maisons toutes aussi belles et fastueuses les unes que les autres, jouxtant d’autres habitations de moindre envergure, ont été construites à Beïnen, Tassaft et Tassala, de grands villages situés en hauteur, dans la zone nord de la wilaya de Mila
, avec cependant cette particularité que toutes sont dépourvues d’eau courante et de gaz de ville. Les salles de bains de ces fastueuses demeures, toutes dotées d’appareils sanitaires, de dernière génération, achetés à coup de millions par les propriétaires de ces maisons ne servent que de décor car, comble de l’ironie, l’eau ne coule pas dans les robinets. Tous les propriétaires regrettent d’avoir érigé ces maisons fastueuses en ces lieux, ils disent avoir dépensé toutes leurs économies pour en fin de compte vivre sans eau ni gaz de ville. Eux qui croyaient, avant l’entame des constructions des maisons, que les promesses d’alimentation en eau potable et gaz des localités précitées, qui leur avaient été données par les responsables à tous les niveaux, seraient tenues, ils n’ont rien vu venir. Aussi, ce n’est pas un hasard si la plupart d’entre eux ont, aujourd’hui, tout abandonné pour aller s’installer ailleurs dans des appartements situés dans les villes voisines. Ils comptent y revenir le jour où leurs habitations seront alimentées en eau et en gaz de ville. Ils attendent toujours. Apparemment, ils y reviennent de temps à autre pour s’assurer que tout est en place et que rien n’a disparu de leurs habitations. Les propriétaires des maisons cossues ou de moindre importance souffrent en silence leur mal-vie. Des décennies après, rien n’a changé, l’eau ne coule toujours pas dans les robinets et le gaz de ville ne siffle toujours pas dans les cuisinières et radiateurs de toutes les habitations. Les habitants de ces villages continuent de se chauffer au bois ou au radiateur à gaz butane, électrique ou au mazout, et attendent, chaque matin, le passage des colporteurs pour remplir tous les récipients possibles et imaginables en eau pour la journée ou pour la semaine. En hiver, en temps de froid et de neige, la course à la bonbonne de gaz butane devient un véritable sport. Jusqu’à quand les habitants de ces contrées continueront-ils à vivre sans eau courante ni gaz de ville ? Des ministres sont passés par là, des promesses ont été données mais sans suite
