Plus de 200 migrants se sont noyés en Méditerranée centrale en deux jours, ce qui porte à plus de 1.000 le nombre de ceux qui sont morts depuis janvier sur cette principale route migratoire reliant l’Afrique à l’UE, a indiqué jeudi l’ONU.

Dans un communiqué, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) se dit «choqué » par ces « noyades en masse en Libye» et demande une « action internationale urgente pour renforcer les efforts de sauvetage en mer ».
«Ces décès tragiques nous rappellent que les guerres et la pauvreté continuent de pousser les gens à entreprendre des voyages désespérés qui leur coûtent leurs économies, leur dignité et, en fin de compte, leur vie », a déclaré le Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi, cité dans le communiqué. « Il n’a jamais été aussi urgent de s’attaquer aux causes profondes (des déplacements, ndlr), d’améliorer les conditions en Libye et dans d’autres pays le long de la route, d’offrir des alternatives sûres et de toujours sauver les gens en mer », a-t-il demandé.

Selon le HCR, plus de 200 migrants sont morts noyés en Méditerranée centrale les 19 et 20 juin, dans trois tragédies séparées.Ces tragédies portent à plus de 1 000 le nombre de personnes décédées en 2018 sur la route migratoire de la Méditerranée centrale, selon le HCR, qui prévient que le nombre de réfugiés et de migrants tentant de traverser la Méditerranée devrait augmenter avec l’arrivée de l’été, une saison plus favorable à la navigation en haute mer. Sur la question des migrants, le pape François a estimé jeudi qu’il était temps « d’investir intelligemment pour leur donner du travail et une éducation » dans leur pays d’origine, notamment en Afrique. « Le problème des guerres est difficile à résoudre, le problème des persécutions des chrétiens aussi, au Moyen-Orient et au Nigeria », mais « le problème de la faim peut se résoudre », a-t-il jugé, au cours d’une conférence de presse dans l’avion qui le ramenait d’un voyage à Genève.

Le souverain pontife a ainsi appuyé une réflexion actuelle des gouvernements européens sur un plan d’investissement. « Dans l’inconscient collectif, il y a une idée mauvaise qu’on peut exploiter l’Afrique, toujours une terre d’esclaves », a-t-il déploré. « Cela doit changer avec des plans d’investissement, il faut les faire croître! », a-t-il plaidé, en vantant « la richesse culturelle de l’Afrique ».

Le pape a rappelé dans le même temps ses quatre critères pour l’accueil des migrants: « accueillir, accompagner, loger, intégrer », auxquels il a ajouté cependant un bémol qu’il mentionne régulièrement depuis un voyage en Suède à l’automne 2016. « Chaque pays doit faire ceci avec la vertu gouvernementale qu’est la prudence, parce qu’un pays doit accueillir autant de réfugiés qu’il le peut, qu’il peut intégrer et éduquer », a-t-il précisé. « Nous avons une onde de réfugiés qui fuient des guerres et la faim, guerre et faim dans tant de pays de l’Afrique, guerres et persécutions au Moyen-Orient », a-t-il résumé, en félicitant particulièrement « l’Italie et la Grèce » qui ont été « extrêmement généreuses » pour accueillir, tout comme la Turquie ou le Liban. Le pape s’est rendu jeudi à Genève à l’invitation du Conseil œcuménique des Églises (COE), institution qui fête ses 70 ans et représente avec 350 églises membres quelque 500 millions de protestants et d’orthodoxes.