Sollicité à plusieurs reprises, ces derniers jours, sur la crise libyenne, l’expert en géopolitique M’Hand Berkouk a fait une nouvelle intervention sur ce dossier sensible, hier, sur les ondes de la Radio nationale, où il répondait à des questions imposées par la montée de la tension dans ce pays voisin, sous l’effet d’interférences étrangères et de l’arrivée d’un corps expéditionnaire turc. Des données faisant craindre l’embrasement en Libye avec, entre autres retombées, un mouvement de réfugiés « sans précédent » vers la Tunisie, puis l’Algérie, prévient M. Berkouk.
Il s’agit visiblement du seul gros impact que pourrait avoir sur l’Algérie une situation de guerre dans ce pays. C’est en tous les cas ce que laisse entendre le même expert, en relevant qu’en matière de sécurité et de risque de contagion de la crise libyenne, l’Algérie n’encourt pas de « grands
risques », car, explique-t-il, elle peut compter sur la présence « d’une armée forte de sa composante humaine et de son caractère opérationnel », mais, également, souligne-t-il, par le refus des Algériens d’un retour à la « décennie noire ».
Dans le même ordre d’idée, M. Berkouk rappelle que l’on a déjà tenté d’impliquer l’Algérie dans le conflit au Mali et, maintenant, en Libye, mais que son territoire est « immunisé » du fait de la présence d’une très forte armée dont la mission est de défendre la République, son unité et son intégrité, mais également par la volonté collective de défense de l’Etat.
Dans le cas de la Tunisie, la situation est plus complexe, estime-t-il, relevant un certain nombre de facteurs pouvant fragiliser ce pays qui ne possède pas les mêmes moyens de protection sur ses frontières avec la Libye, notamment s’il est appelé à faire face à « ses ressortissants embrigadés au sein des organisations terroristes de Daesh et d’El Qaïda, et que des statistiques internationales chiffrent entre 5 000 et 8 000 », justifie-t-il.
Pareille situation risque même de provoquer l’émergence d’un « axe de crise » allant de la côte Atlantique à celle de Tunisie et de la Libye, prévient l’intervenant, qui soutient son analyse par la « donne terroriste » et le danger qu’elle ferait peser pour tous les pays de la rive Nord de l’Afrique. Autrement dit, un embrasement en Libye transformerait ce pays en un « véritable incubateur » du terrorisme mondial et donnerait inévitablement lieu à des actes d’ingérence étrangère dans la région, affirme le géopoliticien.