Reporters : Le secteur de l’Education nationale compte désormais un nouveau ministre dans le staff d’Abdelaziz Djerad. Comment avez-vous reçu la nomination de Mohamed Ouadjaout à ce poste?
Messaoud Boudiba : Je dois dire que nous ne connaissons pas la personnalité du nouveau ministre. Par conséquent, nous ne pouvons émettre de jugement pour l’instant. Ce que l’on sait, c’est un docteur d’Etat qui enseignait à l’Ecole supérieure polytechnique d’El Harrach, à Alger, et qu’il assurait des cours au niveau de l’Ecole supérieure des enseignants (ENS). Autrement dit, la compétence scientifique est bien là et l’expérience dans l’exercice du métier d’enseignant aussi. Pour la gestion d’un secteur comme l’Education nationale, il faut attendre pour voir plus clair.
Quels sont les dossiers les plus importants auxquels devra s’attaquer le successeur de Belabed ?
Il hérite sans doute d’un cumul de problèmes lourds, voire très lourds, générés par 17 ans de mauvaise gestion. C’est-à-dire depuis 2003, l’année qui a vu les autorités engager des réformes qui n’ont pas été, à mon humble avis, si bien préparées. Mais il faut noter que le secteur a commencé à vivre des problèmes lourds impactant aussi bien les conditions socioprofessionnelles des enseignants que les conditions pédagogiques des écoliers depuis 5 à 6 ans. Dans ce sens, il faut dire qu’au vu de la situation sociale difficile des fonctionnaires du secteur, ce sont les autres aspects de l’apprentissage et de la diffusion du savoir qui subissent les conséquences. J’ajouterai aussi que l’enseignement se cherche un cap, notamment après les changements qui ont touché les programmes pédagogiques sans que les conditions ne soient réunies au préalable.
Pouvez-vous être plus explicite ?
On peut citer comment ces changements ont pesé lourdement sur les élèves du primaire. Aussi, ce changement a généré un recrutement de l’extérieur qui a produit de nouveaux enseignants qui ne maîtrisent pas les éléments de cette nouvelle situation. C’est comme ça qu’on s’est retrouvé avec ce problème lié au recrutement avec une majorité qui vient de l’extérieur et qui n’a pas bénéficié d’une formation appropriée et adéquate. Je dois dire que cela représente un grand problème dans le secteur. En plus de ces problèmes liés au recrutement, l’enseignement et la formation, je dois citer également le dossier des revendications socioprofessionnelles ainsi que celui de la gestion qui connaît de grandes lacunes tant sur le plan central qu’au niveau local, c’est-à-dire au niveau des directions de l’Education.
Revenons aux revendications socioprofessionnelles. Comment les définissez-vous à l’heure actuelle et que la tutelle a changé de tête ?
Les revendications les plus importantes sont liées aux salaires, la retraite, la médecine du travail, les primes de zones dans les wilayas du Sud ainsi que le problème du logement. Ce sont des doléances anciennes pour lesquelles les pouvoir publics ne semblent pas vouloir y remédier. Pourtant, la balle est dans leur camp.
Comment voyez-vous la mission du nouveau ministre dans un climat caractérisé par la persistance de l’activisme syndical ?
Il faut dire que l’ex-ministre Abdelhakim Belabed a donné l’accord pour l’agrément de cinq nouveaux syndicats dans le secteur de l’Education nationale. Cette nouvelle donne fait que le nombre global des syndicats activant actuellement dans le secteur passe à quinze organisations. Il appartient au nouveau ministre d’écouter les organisations syndicales qui connaissent les problèmes du secteur.