Par Feriel Nourine

On l’aura remarqué : la menace du recours aux stocks stratégique brandie, il y a un peu plus de trois mois, par les Etats-Unis et certains autres gros consommateurs de pétrole refait surface.
Une riposte pour faire baisser les prix alors que le baril de pétrole est au-dessus des 100 dollars.
Entre temps, la pression exercée sur l’Opep+ ne s’est pas pour autant interrompue, et les revendications de volumes plus généreux en provenance de l’alliance se sont poursuivies à travers des appels que les gros consommateurs multiplient par canaux diversifiés, dont celui de la presse occidentale ou encore celui de la fameuse Agence internationale de l’Energie, en sa qualité d’instrument au service de l’administration américaine et profondément impliquée dans la défense des intérêts énergétiques de
La Maison Blanche.
Mais cette pression a changé de tactique, et a trouvé dans les tensions entre la Russie et l’Ukraine une opportunité pour alerter sur la menace qui pesait, depuis le début de l’année, sur l’offre mondiale.
La montée des prix s’est poursuivie sans répit, faisant emprunter à l’essentiel des analyses quotidiennes le raccourci géostratégique tout indiqué que sont ces tensions pour lier la flambée de l’or noir au dossier russo-ukrainien.
Depuis jeudi dernier, la guerre a pris la place des tensions, et les prix du pétrole ont donné raison aux analystes en allant s’installer bien au-dessus des 100 dollars prédits.
Parallèlement, les risques de rupture des livraisons de l’ogre russe sont en train de s’accentuer sous l’effet des sanctions prises par les Occidentaux contre ce dernier.
Dans une configuration d’hostilité inédite et de rapports de force qui peuvent faire retourner une partie de ces sanctions contre ceux qui en sont les décideurs, les Etats-Unis et leurs alliés savent qu’ils ne peuvent avoir les volumes de pétrole qu’ils demandent. Peut-être parce que la guerre concerne le deuxième exportateur de pétrole, mais aussi, et surtout, parce que les opportunités du secteur n’ont pas bénéficié des investissements porteurs d’une production capable de satisfaire leur gourmandise énergétique incontrôlée.
La guerre, si elle venait à durer, relance la démarche des stocks stratégique pour ceux qui ne pourront plus s’approvisionner chez la Russie.