Hamida Kettab, secrétaire générale de l’Association El Amel d’aide aux malades atteints de cancer, a alerté, hier, que les tensions sur la disponibilité des médicaments anticancéreux perdurent. Elle a souligné que les ruptures cycliques des médicaments anticancéreux et la pénurie qui touche les traitements innovants sont «un problème très grave pour les patients, dont la guérison et la survie dépendent de la prise régulière de leur traitements».
Par Sihem Bounabi
Elle a dans ce sillage plaidé pour une prise en charge efficace des malades en leur assurant les traitements affirmant que «tous les médicaments, en particulier les traitements innovants que l’on attend depuis des années, devraient être fournis dans les temps afin d’insuffler l’espoir de guérison pour les cancéreux algériens».
Intervenant sur les ondes de la chaîne 1 de la radio nationale, Hamida Kettab a rappelé les effets désastreux de la fluctuation de la disponibilités des médicaments sur les chances de guérison des malade atteints de cancer en rappelant que l’année dernière la pénurie des traitements notamment pour les enfants cancéreux «a fait beaucoup de ravage chez des enfants qui auraient pu guérir et avoir la vie sauve si les traitements étaient disponibles à temps», a-t-elle affirmé.
Elle a rappelé à ce sujet les instructions du président de la République que la prise en charge des malades atteints de cancers est une priorité nationale et que l’Etat s’est engagé à déployer les moyens financiers nécessaires afin de garantir les traitements des cancéreux et cela quel que soit leur prix».
La SG de l’association d’aide aux cancéreux a toutefois tenu à souligner qu’il «y a une légère amélioration de la situation, mais les perturbations dans la continuité de la disponibilité des médicaments pour le traitement des cancéreux perdure», précisant que l’«on constate de plus en plus qu’il s’agit de problèmes de gestion».
Un problème de gestion quelle met également en avant dans la problématique des radiothérapies en soulignant qu’«aujourd’hui les moyens matériels existent, puisqu’on est passé de 7 accélérateurs de radiothérapie en 2012 à 50 accélérateurs actuellement, mais les délais de prise de rendez sont toujours aussi longs avec une moyenne de plus de huit mois d’attente».
Elle cite à titre d’exemple le cas de la wilayas d’Adrar, qui a trois accélérateurs, mais qui «sont arrêtés depuis un an et demi en raison d’un problème purement administratif», enchainant que «pourtant les moyens humains existent puisqu’il y a 20 médecins spécialisés en radiothérapie et 21 techniciens également spécialisés, mais les malades cancéreux de la wilaya d’Adrar et des wilayas avoisinantes sont obligés de se déplacer dans d’autres wilayas et souvent jusqu’à la capitale pour un rendez-vous tout cela à cause d’un problème de gestions».
Toutefois, elle tient à ajouter qu’une lueur d’espoir se profile quant à la problématique de gestion et notamment de la maintenance des appareils de radiothérapies qui tombent souvent en panne. Elle salue à ce sujet les efforts déployés par le ministre de la Santé Abdelhak Saihi pour prendre à bras le corps cette problématique, notamment à travers la mise en place d’un organisme spécialisé pour la maintenance des machines et qui a donné des résultats concrets, notamment à Sidi bel Abbès.
Par ailleurs, concernant la progression du cancer en Algérie, la secrétaire générale de l’Association El Amel souligne que les cancers du poumon et du sein continuaient d’augmenter, avec l’enregistrement de 50 000 nouveaux cas de différents types de cancers en 2022. Elle a mis en exergue la forte augmentation du cancer du sein chez les femmes avec 15 000 nouveaux cas, ainsi qu’une recrudescence du cancer du col de l’utérus. Elle souligne également l’enregistrement de 3000 nouveaux cas chez les hommes atteints de cancers du poumon, du côlon et de la prostate.
Malgré l’augmentation du nombre de cancéreux en Algérie, Hamida Kettab estime qu’avec le plan d’action contre le cancer mis en place par l’État ainsi que le lancement de campagnes de prévention et de sensibilisation aux dépistages précoces., la situation pourrait s’améliorer prochainement en soulignant qu’«aujourd’hui, le cancer est curable grâce aux protocoles thérapeutiques innovants, mais aussi évitables grâce à des campagnes de prévention efficaces».
La SG de l’association El Amel d’aide aux cancéreux conclut en insistant sur le fait que «la lutte contre le cancer commence par la prévention, le dépistage précoce et la bonne information», soulignant que «le plus gros investissement est dans la prévention» en ajoutant que «la lutte contre le cancer est de la responsabilité de nombreux secteurs, à savoir la Santé, le Commerce, la Communication et l’Éducation». n