Mis en mode silencieux depuis quelques mois, le dossier du nucléaire iranien est en train de faire, de nouveau, du bruit sur la place diplomatique internationale et, par conséquent, sur le marché pétrolier.
Le retour à Vienne des diplomates de l’ensemble des parties concernées par les négociations (Iran, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) pourrait sauver l’accord conclu en 2015, avant d’être dynamité par l’ancien président des Etats-Unis, Donald Trump, en 2018.
Un sauvetage qui lèverait les sanctions de Washington contre Téhéran et permettrait à l’Iran de se redéployer sur le marché de l’or noir auquel ce gros producteur pourrait injecter des quantités non négligeables en cette conjoncture de fortes perturbations et de prix que les pays consommateurs jugent trop élevés.
C’est dans cette logique que la reprise des négociations est en train de suffire pour peser sur les cours du brut et accentuer la volatilité qui les caractérise. Ceci d’autant que l’Iran a déjà manifesté sa disponibilité à accroître sa production et ses exportions en contrepartie d’une levée des sanctions américaines qui frappent son programme nucléaire.
La capacité de production pétrolière de l’Iran a retrouvé son niveau d’avant les sanctions, soit 3,8 millions de barils par jour, avait indiqué de hauts responsables du secteur dans ce pays classé quatrième producteur mondial.
Depuis quelques jours, ces capacités de production font parler d’elles sur le marché de l’or noir par l’entremise des négociations qui ont repris à Vienne. Celles-ci sont en train de projeter des signaux positifs qui poussent les cours à la tendance baissière et maintiennent nettement au-dessus des 100 dollars, voire à leurs niveaux d’avant l’entame de la guerre russo-ukrainienne.
L’Union européenne a mis un texte final sur la table lundi, visant à redonner vie à l’accord de 2015. L’UE attend de Téhéran et de Washington une «décision rapide» sur ce compromis final, a déclaré mardi le porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
«Un accord pourrait atténuer la pression sur les prix du pétrole», estime Craig Erlam, d’Oanda. «Son ampleur dépendra de la rapidité avec laquelle le pays pourra alors inonder le marché de brut supplémentaire», ajoute-t-il.
Certes, les craintes de récession et d’effondrement de la demande constituent actuellement une cause du fléchissement des prix. Néanmoins, le dossier du nucléaire iranien participe, lui aussi, de manière assez manifeste à cette tendance.
Hier, dans l’après-midi, les deux références de brut évoluaient dans l’incertitude, vacillant entre léger rebond en matinée, puis fort recul dans l’après-midi. Vers 16 h, le Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre perdait 2,12% pour se situer à tout juste 94,27 dollars sur l’InterContinentalExchange.
De son côté, l’américain West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en septembre demeurait sous les 90 dollars le baril, cédant lui aussi 2,2%, à 88,65 dollars.
Le marché évoluait dans cette atmosphère, alors que mardi, la fédération de professionnels du secteur, l’American Petroleum Institute (API) a estimé que les stocks de pétrole brut aux États-Unis ont augmenté de 2,156 millions de barils.
Mais le marché attendait hier la publication de l’état des stocks américains de pétrole par l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA), réputée plus fiable que celle de l’API. n