Après plusieurs jours de baisse sans interruption, qui lui ont valu ses plus grosses pertes depuis avril dernier, le pétrole a, enfin, rompu avec cette tendance pour repartir à la hausse, affichant de très forts gains entre lundi et mardi, alors que l’hypothèse d’un maintien de l’Opep de son offre actuelle au-delà du 1er janvier poursuivait son chemin.
Cette hausse a d’ailleurs repositionné les deux références européenne et américaine nettement au-dessus des niveaux dans lesquels elles s’étaient retrouvées à la clôture de vendredi dernier, sous l’effet d’une demande redevenue morose par la force des nouvelles restrictions sanitaires prises contre une pandémie de Covid-19 qui frappe actuellement plus que jamais depuis son apparition au début de l’année.
Dans le cas du Brent de la mer du Nord, le baril pour livraison en janvier, dont c’était le premier jour de livraison, effectuait un rebond remarquable, passant hier à 40,05 dollars en fin de matinée, alors qu’il s’échangeait bien en dessous des 38 dollars. De son côté, le baril américain de WTI pour livraison en décembre s’échangeait à 37,89 dollars, gagnant 2,93% par rapport à la clôture de la veille. Pour Eugen Weinberg, analyste de Commerzbank, le retour de l’appétit pour le risque sur les marchés est le premier facteur explicatif de la hausse des cours du brut. L’hypothèse selon laquelle «l’Opep+ maintiendrait ses réductions de production à leur niveau actuel au-delà de la fin de l’année» est également de nature à soutenir le prix de l’or noir, a-t-il ajouté.
Face aux données actuelles du marché, l’alliance pourrait, en effet, maintenir ses coupes en cours, à savoir 7,7 millions de barils par jour, et reporter à plus tard la réduction de 5,8 millions de barils par jour prévue à partir de janvier prochain et jusqu’à avril 2022.
Et c’est peut-être dans cette optique que le ministre russe de l’Energie Alexandre Novak s’est entretenu lundi avec les dirigeants des groupes pétroliers du pays «avec à l’ordre du jour l’accord de l’Opep+», tel que rapporté par l’agence de presse publique Ria Novosti.
Selon M. Weinberg, «si la Russie et l’Arabie saoudite sont d’accord pour un report, les autres membres de l’alliance vont probablement accepter cette décision», visant à contrer la rechute de la demande entraînée par une deuxième vague de Covid-19 qui frappe notamment le continent européen. On en saura un peu plus dans les prochains jours, et la décision officielle de l’Opep+ sera sans doute connue à la fin du mois en cours, à l’occasion de la réunion ministérielle des pays membres de l’alliance.
Ces derniers ont indiqué, lors de leur réunion du 19 octobre dernier, maintenir leur calendrier de réduction tel que tracé par l’accord qu’ils ont conclu en avril dernier, soit 9,9 mbj entre mai et juin (prolongement jusqu’à juillet), 7,7 mbj de août à décembre de l’année ne cours, puis 5,8 mbj entre janvier 2021 et avril 2022. Cependant, ils n’ont pas manqué d’afficher leur détermination à poursuivre leur stratégie mise en place au profit de la stabilité des prix, comme l’a souligné le ministre saoudien du Pétrole lors de la même réunion tenue par visioconférence.
«Je tiens à souligner la détermination de l’Opep+ à poursuivre la stratégie que nous avons décidée à l’unanimité. Nous ferons le nécessaire, dans l’intérêt de tous», avait affirmé Abdel Aziz ben Salmane, alors que les facteurs sont de plus en plus nombreux à jouer contre les pays producteurs d’or noir.