Dopé par la tension entre la Russie et l’Ukraine depuis quelques semaines, les prix du pétrole prenaient encore de l’altitude hier, quelques heures après la décision du président russe de reconnaître l’indépendance des territoires séparatistes ukrainiens.

Par Feriel Nourine
L’annonce de Vladimir Poutine, dans la soirée de lundi, a été enregistrée par le marché, et le brut se réveillait dans une dynamique de hausse encore plus accrue, frôlant les 100 dollars et confortant les analystes dans leur prévisions d’un baril à ce prix, et même plus.
Le Brent de la mer du Nord est ainsi monté jusqu’à atteindre 99,50 dollars durant la matinée, avant de se calmer et d’évoluer dans une tendance baissière par rapport à ce nouveau sommet. Mais la référence européenne conservait de la hauteur dans l’après-midi, s’affichant à 96,09 dollars à 17h (GMT), soit un gain de 1,29% par rapport à la clôture de la veille.
À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) grimpait à 92,05 dollars, en hausse de 2,04%.
Le président russe a ordonné à ses troupes d’entrer dans les territoires séparatistes de l’Est de l’Ukraine, provoquant dans la nuit de lundi à mardi une réunion d’urgence du conseil de sécurité pour tenter d’éviter une guerre avec Kiev.

«L’intensification de la crise entre la Russie et l’Ukraine a suscité des inquiétudes quant aux perturbations de l’approvisionnement qui en découleraient, car les sanctions risquent de paralyser la Russie», deuxième exportateur mondial de pétrole et premier exportateur mondial de gaz naturel», ont commenté des analystes.
«Non seulement les tensions géopolitiques soutiennent la tendance haussière, mais les fondamentaux d’une demande forte post pandémie couplée à une offre contrainte de l’Opep+ continuent de soutenir la hausse des cours», poursuivent ces derniers. Interpellation indirecte de l’alliance réunissant les pays de l’Opep et leurs alliés non-membres, et ce, à une semaine de leur réunion mensuelle.
Sauf que, sauf surprise, les pays consommateurs risquent de ne pas obtenir gain de cause chez l’Opep+ à qui ils réclament une augmentation de sa production. Des pays membres de l’Opep réunis dimanche en Arabie saoudite ont d’ailleurs appelé l’alliance à maintenir sa prudence face à l’évolution du marché en reconduisant le même supplément de 400 000 barils par jour qu’elle injecte depuis août à son offre.
Outre les prix du pétrole, l’impact le plus important de la crise russo-ukrainienne «se fera probablement sentir sur les prix des matières premières», prévoient encore les analystes, citant l’aluminium et le nickel qui font partie des métaux «qui dépendent de l’offre russe» et dont les prix ont atteint des sommets qui les rapprochent de leurs records.
La tonne d’aluminium a en effet atteint hier 3.380 dollars sur le marché londonien des métaux de base (London Metal Exchange, LME), à quelques cents de son record historique atteint en 2008.
Le nickel battait lui aussi un nouveau record, à son plus haut hier, la tonne s’échangeait à 24.925 dollars, un prix que ce métal n’avait plus atteint depuis août 2011.
«Les prix du gaz naturel européen sont également susceptibles d’augmenter davantage», poursuit-on, la Russie étant le premier exportateur mondial de cette énergie.