L’une des premières conséquences de la rechute des cours du brut sur le marché international est la baisse de la valeur de la monnaie nationale sur le marché officiel des changes. Les dernières prévisions plutôt pessimistes sur la conjoncture, ainsi que sur l’évolution des prix du pétrole à court terme ne plaident aucunement pour un quelconque revirement de situation sur le marché des changes. Le dinar devrait continuer à perdre au change sur les trois prochaines années, de l’avis même du gouvernement qui, dans le projet de loi de finances pour 2021, anticipe une forte dépréciation du dinar face au dollar.

En effet, dans son projet de budget pour l’an prochain, le gouvernement prévoyait que la valeur de la monnaie nationale continuera d’enchaîner d’importants mouvements baissiers dès 2021, à raison de 142,20 DA pour un dollar en moyenne l’an prochain, 149,31 dinars/dollar en 2022 et 156,78 dinars/dollar en 2023. Le dinar ne se montre pas plus robuste face au dollar sur le marché informel, puisqu’il a enchaîné d’importants mouvements baissiers depuis le début de l’année, même s’il a relativement repris de la vigueur ces dernières semaines. Si sur le marché officiel le dinar valait 128,84 dinars au 30 octobre, la monnaie nationale était moins cotée sur le marché interbancaire des changes avec, au tableau, 170 dinars pour un dollar. Le dinar a, en revanche, fortement dévissé face à l’euro, s’échangeant contre 151 dinars au 30 octobre sur le marché officiel des changes. Il avait atteint 158 dinars-1 euro il y a deux semaines. Le dinar a certes pu remonter la pente, mais reste à des niveaux historiquement bas face à la monnaie unique. Tout comme face au billet vert d’ailleurs.
Sur le marché parallèle des devises, l’euro a beaucoup progressé ces derniers jours, propulsé essentiellement par les brèves séquences d’éclaircies liées à la demande en devises exprimée par certaines franges autorisées à voyager, dont la catégorie des étudiants, à en croire un cambiste du square Port-Saïd.
Selon ses explications, l’autorisation accordée aux nouveaux inscrits parmi les étudiants algériens dans les universités françaises a aidé à faire remonter la cotation de l’euro sur le marché informel, en plus, bien évidemment, des demandes exprimées par les détenteurs de grands montants en dinars, désireux effectuer des opérations de change pour les besoins de thésaurisation ; un phénomène qui a repris du poil de la bête sous l’effet des dépréciations à répétition du dinar.
Les taux de change du dinar par rapport aux principales devises devraient rester bas dans le sillage de la pression à la baisse que subissent les cours du brut. Les prix pourraient ne pas commencer à remonter avant plusieurs mois sous la pression des tendances à la baisse de la demande mondiale qui, elle, est pénalisée par la seconde vague de pandémie de coronavirus qui affecte le monde. La production a repris son mouvement haussier avec le retour de l’offre libyenne sur le marché avoisinant déjà un million de barils par jour. <