La hausse de la population algérienne en âge de travailler – une donnée confirmée hier par l’ONS – exerce une nouvelle et grosse pression sur un marché national de l’emploi déjà caractérisé par sa difficulté à absorber la main-d’œuvre en attente d’embauche et sérieusement impacté depuis que les entreprises souffrent des conséquences économiques de la crise sanitaire. Les chiffres publiés par l’Office national des statistiques mettent l’Exécutif devant la double épreuve
de revitaliser les recrutements et de maîtriser le taux de chômage.

Par Hakim Ould Mohamed
La population en âge de travailler en Algérie a atteint près de 26,4 millions de personnes en juillet 2020, soit 59,6% de la population globale qui était estimée à 44,3 millions d’habitants, a indiqué, hier, l’Office national des statistiques (ONS). Ces chiffres actualisés font ressortir une hausse continue de la population en âge de travailler depuis, relançant de plus belle les débats sur les capacités de l’économie à dégager des perspectives de travail aux milliers d’Algériens qui arrivent annuellement sur le marché de l’emploi.
Selon l’ONS, cette croissance de la population en âge de travailler est l’effet conjoint de la hausse de la population des moins de 15 ans et, à un degré moindre, de celle âgée de 60 ans et plus. Selon les chiffres de l’ONS, la part de la population âgée de moins de cinq ans, est de 4,66, tandis que la population âgée de 5 à 15 ans totalise 3,82 millions de personnes. La frange des personnes âgées de 60 ans et plus a atteint un effectif de 4,32 millions de personnes, dont 2,94 millions de personnes âgés de 65 ans et plus. Ces chiffres suggèrent que la population en âge de travailler a poursuivi sa hausse en 2020, année durant laquelle les perspectives de l’emploi se sont nettement détériorées en raison des conséquences de la crise sanitaire sur l’économies et les entreprises. Selon une simple arithmétique qui exclut la population âgée de moins de 5 ans, la frange âgée de 5 à 15 ans et les plus de 60 ans, les personnes actives devraient totaliser 13,5 millions. De cette population il faudra exclure les universitaires et les écoliers âgés de plus de 15 ans pour connaitre le nombre des personnes réellement occupées et celles à la recherche d’emplois. L’Office national des statistiques ne communique aucune donnée à ce propos, bien que la hausse de la population en âge de travailler en 2020, année noire pour l’économie et les entreprises, suggère indirectement que le taux de chômage a progressé, particulièrement pour la catégorie des jeunes. Le dernier bilan de l’ONS en la matière fait état 11,281 millions de personnes occupées en mai 2019, contre 11,001 millions de personnes en septembre 2018, en hausse de 280.000 personnes, soit un accroissement relatif de 2,5%, détaille l’organisme des statistiques. Cela avait induit un taux de chômage de 11,4% en mai 2019, contre 11,7% en septembre 2018, enregistrant un recul de 0,3 point, avec un fléchissement substantiel chez les hommes. L’arrivée de la pandémie en 2020 et sa persistance durant l’année suivante semble être un facteur favorisant la hausse du taux de chômage, en raison de la baisse des embauches, aussi bien par le privé que par les secteurs publics, exception faite des deux secteurs de la Santé et de l’Education. Sur la seule année 2021, le DG de l’ANEM, Abdekader Djaber, a indiqué, en novembre dernier, que plus de 1.4 million de demandes d’emploi ont été reçues par l’ANEM. Concernant les offres d’emploi, le même responsable a déclaré que son Agence n’en a reçu que 285 000 dans la même période, soit depuis le début de l’année 2021. Ces chiffres accréditent l’hypothèse d’une situation difficile que traverse le marché de travail et, par la même, l’idée d’une hausse du taux de chômage, exprimée par la hausse des demandes rapportée au chiffre des offres. Le DG de l’ANEM a souligné que cette difficulté que traverse le marché de l’emploi a affecté l’ensemble des catégories, plus particulièrement les universitaires qui constituaient 33 % des demandeurs d’emploi au sein de l’ANEM. L’ONS est resté étrangement silencieuse sur la situation du marché de l’emploi durant les deux années 2020 et 2021. Il est pour le moins difficile de supposer une stabilisation, voire une baisse du taux de chômage sur ces deux dernières années en période de chute du chiffre d’affaires pour 90% des entreprises en Algérie. Pis encore, les créations d’entreprises ont chuté en 2020, comparativement à 2019. Selon une étude relayée par certains médias, seules 7.969 entreprises ont été créées en 2020, contre 9.334 2019, marquant une baisse de 14,62%, alors que le nombre des entreprises radiées était de 1912 au premier semestre de 2020 avant que le chiffre grimpe à 2.667 au second semestre de la même année. En attendant les chiffres officiels sur l’évolution du taux de chômage, force est de constater que tous les indicateurs plaident pour une hausse du nombre des personnes à la recherche de l’emploi. <