Par Bouzid Chalabi
La viande blanche fait encore parler d’elle. Son prix a, en effet, pris l’ascenseur en ces premiers jours du mois de Ramadan. Cela était certes prévisible puisque devenu de tradition chaque année mais, cette fois, l’envolée est importante au grand dam des consommateurs.
La cause essentielle relève, selon des membres du Conseil national interprofessionnel de la filière avicole, joints hier par Reporters, de la cherté de l’aliment spécifique à l’élevage de la volaille qui n’a eu de cesse de grimper ces derniers jours et au prix élevé du poussin. «C’est aussi dû à l’abandon de leur activité par de nombreux petits producteurs, car n’arrivant plus à tirer de dividendes après la montée spectaculaire des prix du maïs et du soja, deux composants essentiels de l’aliment de volaille», indique Najib Tekfi, membre du Conseil national interprofessionnel de la filière avicole. Un autre membre du Conseil avance pour sa part : «Cela est dû aussi à la complexité du marché dont 80% d’aviculteurs exercent hors du cadre légal et seulement 20% sont inscrits au registre de commerce». Par ailleurs, nos interlocuteurs se rejoignent à dire que «cette hausse des prix était des plus prévisibles compte tenu d’une offre sur le marché en déclin par l’effet de la baisse du nombre d’éleveurs. Lesquels, confrontés à la cherté des intrants indispensables pour mener à terme leur batterie d’élevage, ont préféré mettre la clé sous le paillasson». Ajoutant dans ce même ordre d’idées que «ne voyant venir aucun soutien de la part de la tutelle, il ne leur restait qu’à laisser vides leurs batteries d’élevage». Ce faisant, ces justificatifs sur les raisons de la cherté de la viande blanche sont partagés par certains représentants d’association de défense du consommateur, à l’image de Mustapha Zebdi, président de l’Association de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (Apoce). Ce dernier s’associe aux arguments avancés ci-dessus, et a, en effet, pointé du doigt un facteur qui lui semble la cause principale, «le coût élevé à la production». Et pour cette raison, le président de l’Apoce n’a pas hésité à lancer : «Arrêtons de rendre responsables les aviculteurs de cette surenchère brutale.» Revenant sur le prix actuel de la volaille, qui a atteint la barre des 420 DA/kg, voire plus dans certaines régions, M. Zebdi a indiqué qu’«à ce niveau, cela met hors de portée de consommer de la viande blanche à un nombre élevé de citoyens». Et de poursuivre dans ce sens : «Il est tout à fait déplorable d’en arriver là dès lors où nos concitoyens n’ont d’autres recours que d’acheter du poulet depuis que le poisson et la viande rouge, autant bovine qu’ovine, sont devenus inaccessibles.» Quant à la question de savoir si le prix de la volaille allait baisser dans les prochaines semaines, M. Zebdi a lâché tout de go : «Le climat actuel ne favorise guère la baisse des prix de la volaille.»
Sur ce dernier point, il y a lieu de souligner que dans certains marchés de proximité, il a été constaté une baisse sensible des prix de la volaille sur les étals. A ce propos, des détaillants approchés par Reporters sont à l’unanimité catégoriques : «Il s’agit de cas isolés et non d’une tendance à la baisse des prix.» Un de nos interlocuteurs explique : «Les vendeurs qui ont décidé de baisser leur prix n’avaient pas d’autres alternatives dans la mesure où, après s’être approvisionnés en grosses quantités en prévision de la forte demande des premiers jours de Ramadhan, et espérant ainsi écouler leur poulet en un temps très court, le contraire s’est produit. En clair, ils se sont retrouvés avec des méventes importantes sur une marchandise sensible. Ils n’ont eu donc d’autres choix que de baisser leur prix afin d’éviter de grosses pertes financières.» Finalement, cette baisse de prix n’est qu’une chimère. <