Par Hakim Ould Mohamed
La tension est montée d’un cran à l’Est de l’Europe après que le président russe, Vladimir Poutine, a décidé de reconnaitre les régions rebelles comme étant un état indépendant de l’Ukraine. Les premières sanctions européennes sont aussitôt tombées et font craindre une rupture de l’approvisionnement de l’Europe en gaz. En effet, le chancelier allemand Olaf Scholz a annoncé, hier, suspendre l’autorisation du gazoduc controversé Nord Stream 2 reliant la Russie à l’Allemagne et menacé «d’autres sanctions». Le chancelier allemand menace de recourir à d’autres sanctions, en cas d’aggravation de la situation en Ukraine, et d’ores et déjà averti que l’Union européenne allait adopter des sanctions «massives et robustes». Les ministres de l’Union européenne ont également annoncé qu’ils allaient adopter, hier, un premier train de sanctions contre la Russie au lendemain de la reconnaissance par Vladimir Poutine des régions séparatistes de l’est de l’Ukraine où il a envoyé des soldats de «maintien de la paix». Les sanctions dont il s’agit pourraient concerner des centaines de personnes et porter sur l’interdiction des transactions sur les obligations russes. Pendant ce temps, où il fait gris et un ciel chargé de tensions et d’incertitudes, se tenait à Doha, au Qatar, le 6e sommets du Forum des pays exportateurs de gaz. Même si l’émir du Qatar avait assuré l’Europe de son «aide» en cas de difficultés d’approvisionnement, il n’a pas manqué, néanmoins, lors de ce sommet, de reconnaitre que cette aide serait limitée aux volumes disponibles, les producteurs étant liés à «des contrats de long terme». «Les volumes qu’on peut rediriger (vers d’autres clients) représentent environ 10 à 15%», selon lui. Ces déclarations ne font qu’exacerber le doute et l’inquiétude en Europe, à l’heure où les investissements dans l’amont gazier mondial risquent de ne pas pouvoir suivre le rythme de la demande. Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a pris part aux travaux du FPEG a souligné, à juste titre, que le gaz naturel reste une ressource non renouvelable, précisant que l’exploitation et le développement de l’industrie gazière exigent des investissements très importants. Le chef de l’Etat a rappelé, dans son allocution, la nécessité de trouver des solutions efficaces et innovantes pour améliorer la qualité du gaz en tant qu’énergie propre, et de garantir sa disponibilité ainsi que sa compétitivité. Le chef de l’Etat a mis le doigt sur une des conditions capitales de nature à renforcer l’approvisionnement mondial de gaz naturel, à savoir l’accélération des investissements dans l’amont gazier. Les pays exportateurs, dont l’Algérie, ont maintes fois appelé à privilégier l’option des contrats de long terme qui, à la fois, garantissent un retour sur investissement et un approvisionnement permanent et sans incidents. Avec ses clients européens, l’Algérie a toujours privilégié les contrats de long terme et fourni le continent en volumes suffisants conformes aux termes des contrats, voire au-delà des quantités prévues. Ce pourquoi, le pays est considéré comme un fournisseur sûr et fiable par les partenaires européens. L’Algérie «est un pays fiable» en matière d’approvisionnement en gaz naturel et «compte le rester», a tenu à rappeler, hier, le Président Tebboune, dans son allocution devant les participants aux travaux du 6 e sommet du Forum des pays exportateurs du gaz (GECF). L’Algérie est «pionnière dans le développement et la valorisation du gaz naturel», et à la tête du progrès réalisé dans l’industrie du gaz naturel liquéfié (GNL), a-t-il rappelé à ce propos. En tout cas, l’Algérie est appelée à jouer un rôle important sur la scène gazière européenne dans les mois à venir, compte tenu de la tension qui y prévaut et les craintes sur l’approvisionnement du Continent. Le pays a montré en 2021 et début 2022 sa capacité à augmenter ses volumes d’approvisionnements, lesquels ont été doublés, voire triplé en 2021 et 2022, en réponse à une demande plus forte du Continent européen. Cela exigerait, néanmoins, d’importants investissements et une ouverture totale du marché européen à l’énergie d’origine algérienne. En tout cas, l’Algérie est en mesure de tirer son épingle du jeu en consolidant la coopération avec l’Europe, le débouché traditionnel de son gaz, en privilégiant l’investissement dans son amont gazier et pétrolier, une condition clé de la pérennisation de l’approvisionnement du Vieux Continent en gaz. «Il est important de trouver ensemble les meilleurs moyens permettant d’assurer au gaz naturel une place dans les systèmes énergétiques et de promouvoir sa valeur dans les marchés internationaux», a estimé Abdelmadjid Tebboune en évoquant les principales priorités du Forum. n